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Les catalans proclament l'indépendance



Les catalans proclament l'indépendance
Le président catalan, Carles Puigdemont, s'est s'exprimé hier en fin d'après-midi devant le Parlement régional pour aborder la situation politique en Catalogne et sur le référendum d'autodétermination, jugé illégal par Madrid, organisé le 1er octobre dans cette région par le gouvernement local, malgré son interdiction par la Cour constitutionnelle espagnole. La déclaration de Puigdemont a été retardée d'une heure en raison de «contacts pour une médiation internationale».Il y a un avant et un après 1er octobre. La Catalogne a gagné le droit d'être indépendante et respectée. «En tant que président, j'assume : la Catalogne sera un Etat indépendant, sous la forme d'une République», proclame Carles Puigdemont. Le Parlement propose de suspendre les effets d'une déclaration d'indépendance, pour laisser la possibilité d'un dialogue avec Madrid dans les prochaines semaines. «Ce que je vais vous dire aujourd'hui, ce n'est pas une décision personnelle.
C'est le résultat du 1er octobre», assure-t-il, avant de revenir sur la répression violente du vote par la police espagnole et sur le fait que 2 millions de personnes ont vaincu la peur en allant voter. «L'objectif était de provoquer une peur généralisée. Les agissements du gouvernement central ont inquiété la société catalane.
Tout cela a eu un profond impact sur les Catalans, qui ont été de plus en plus nombreux à penser que la seule solution est de devenir un Etat indépendant», ajoute-t-il. Carles Puigdemont a rappelé qu'en 2006 le gouvernement espagnol n'a pas voulu accepter les propositions de changement de la Constitution. «En 2010, une première consultation avait indiqué la volonté d'un nouveau statut», estime le président catalan.
Et d'ajouter : «La Catalogne demande depuis des années la liberté de prendre des décisions.» «Nous ne sommes pas des délinquants, nous ne sommes pas des fous, nous ne sommes pas des putschistes. Nous n'avons rien contre les Espagnols et l'Espagne, au contraire», martèle Carles Puigdemont.
Des milliers de personnes se sont concentrées dès les premières heures de l'après-midi aux abords du Parlement où l'Assemblée nationale de Catalogne a installé deux écrans géants pour suivre en direct la session plénière. Les Catalans sont partagés presque à parts égales sur une sécession.
Des incidents ont opposé la police et la garde civile espagnoles à des indépendantistes dans différentes villes de la région de la Catalogne, suite à l'intervention d'éléments de ces deux corps de sécurité pour fermer des bureaux de vote et saisir du matériel électoral du référendum interdit par la justice, faisant plus de 90 blessés et plus de 893 personnes avaient demandé une assistance médicale. Dimanche, des centaines de milliers d'Espagnols opposés à l'indépendance ont défilé à Barcelone.

l'Article 155
La déclaration unilatérale d'indépendance en Catalogne poussera probablement le chef du gouvernement espagnol conservateur, Mariano Rajoy, à évoquer le déclenchement de l'article 155 de la Constitution qui l'autorise à «prendre le contrôle» de la région, un scénario inédit. «Le gouvernement espagnol va défendre l'unité et la souveraineté nationales de l'Espagne face au défi indépendantiste en Catalogne», a déclaré le chef de l'Exécutif, Mariano Rajoy, dans un entretien dimanche au journal El Pais. Face à la gravité de la situation, le gouvernement de Mariano Rajoy se prépare à tout.
La vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Soraya Saénz de Santamaria, a fait savoir que la déclaration d'indépendance n'aura aucune légitimité au cas où elle serait proclamée et ajoute que le gouvernement prendra des mesures extraordinaires pour appliquer l'article 155 de la Constitution qui prévoit la suspension totale ou partielle de l'autonomie de la Catalogne.
«L'Espagne ne va pas être divisée et l'unité nationale sera maintenue. Pour ce faire, nous allons faire usage de tous les instruments prévus par la législation. Il appartient au gouvernement de prendre des décisions et de le faire au moment opportun», a déclaré Mariano Rajoy, qui n'exclut pas de dissoudre l'Exécutif catalan et d'ordonner la tenue d'élections anticipées.
Lundi, le gouvernement espagnol a d'ailleurs pris la décision de confier la garde du Palais de justice de Barcelone à la Police nationale au lieu des Mossos (police catalane qui en avait la charge) en cas de déclaration d'indépendance. La décision a été prise par Jesus Maria Barrientos, président du Tribunal supérieur de justice de la Catalogne.
Sortie de l'Union Européenne
Le gouvernement catalan risque de plonger la Catalogne dans une crise économico-sociale sans précédent. Ce lundi, Nathalie Loiseau, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, a prévenu les dirigeants indépendantistes catalans que la Catalogne ne «serait pas reconnue» en cas d'indépendance. «La première conséquence serait automatiquement la sortie (de la Catalogne) de l'Union européenne», a déclaré la secrétaire d'Etat français aux Affaires Européennes. «Nous sommes partenaires et alliés de l'Espagne.
L'Espagne est une grande démocratie», a-t-elle ajouté. Une Catalogne «indépendante» serait automatiquement exclue de l'UE, qu'elle ne pourrait rejoindre qu'après un nouveau processus d'adhésion. Mais encore faudrait-il que sa proclamation d'indépendance respecte certaines conditions lui permettant d'être validée par les 28. Le référendum d'indépendance de la Catalogne n'a pas bénéficié des garanties habituellement exigées (commission électorale, assesseurs, listes électorales publiques, vote secret...), rendant improbable la reconnaissance par les 28 d'une indépendance de la Catalogne proclamée sur cette base.

Les sociétés quittent la Catalogne
Après l'arme judiciaire, l'arme économique est entrée en lice de plein fouet dans la crise en Catalogne. Le monde économique a également fait part de ses craintes et plusieurs entreprises ont annoncé le déménagement de leurs sièges sociaux hors de Catalogne qui représente 19% du PIB du pays, pour 16% de la population. Le doute gagne aussi les petites entreprises et les épargnants. Un coup dur pour l'économie catalogne. Lundi, six grands groupes cotés dans l'indice phare Ibex 35 de la Bourse de Madrid, Abertis, Cellnex, Gas Natural, CaixaBank, Banco Sabadell et Colonial ont ainsi franchi le pas de crainte que le président séparatiste de la Catalogne, Carles Puigdemont, ne proclame unilatéralement l'indépendance dès hier.
En fin de semaine dernière, les deux principales banques de Catalogne, CaixaBank et Banco Sabadell, sont les premiers à avoir décidé de déplacer leurs sièges hors de la région afin de protéger leurs intérêts et ceux de leurs clients en cas de déclaration d'indépendance. CaixaBank, troisième banque espagnole, a annoncé le transfert de son siège social de Barcelone à Valence, arguant de la situation politique et sociale actuelle en Catalogne.
Par contre, la banque Sabadell a choisi la ville d´Alicante.
Le groupe gazier Gas Natural, également membre d'Ibex 35, a pris la même décision, de même que plusieurs sociétés de taille moyenne, dont la compagnie de biotechnologie Oryzon et la société de télécoms Eurona.
Avec les départs d'Abertis, Cellnex et du groupe immobilier Colonial, il ne reste plus en Catalogne qu'un groupe coté à l'Ibex 35 contre sept en début de semaine dernière : le fabricant de dérivés sanguins Grifols, basé à Barcelone. Le PDG de Freixenet, n°1 mondial du cava (vin mousseux) annonçait lui aussi envisager un départ. Des entreprises plus petites ont déjà sauté le pas, comme Oryzon (biotechnologies) ou Dogi (textile).
Depuis plusieurs mois, les grandes fortunes catalanes transfèrent de l'argent vers Madrid et Valence. Madrid a approuvé vendredi dernier un décret extraordinaire permettant aux entreprises de transférer plus facilement leur siège d'une région à une autre. Une simple signature du conseil d'administration suffit désormais pour changer d'adresse, sans avoir besoin de convoquer une assemblée générale d'actionnaires.


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