De la république des plantons aux « gardiens » improvisés des parkings en
passant par la loi sur les partis et le respect des lois… Le ministre de
l'Intérieur, M. Daho Ould Kablia, avait des choses à dire à l'issue d'une rencontre
avec les walis dont le mot d'ordre pourrait se résumer à comment réduire
l'inimitié qui existe entre les citoyens et l'administration. Au cours de cette
réunion des mesures ont été proposées pour s'attaquer à la question de l'emploi
et du logement mais… le ministre averti : cela ne se fera pas rapidement. «Toutes
les mesures suggérées aujourd'hui vont être transformées en directives avec des
cellules de suivi aussi bien au niveau de l'administration centrale qu'au
niveau des administrations locales», a déclaré M. Ould
Kablia. Mais s'il peut promettre des réponses rapides
au sujet du fonctionnement souvent absurde de l'administration au sujet de la
délivrance de documents administratifs, il est beaucoup plus prudent sur le
logement et l'emploi. «Il y a deux grands problèmes qui créent le malaise dans
notre pays: l'emploi et le logement, mais on ne peut pas satisfaire à la fois
un million de demandeurs d'emploi, comme on ne peut pas satisfaire un million
de demandeurs de logements». Cela a le mérite de la franchise mais cela
n'enlèvera rien à l'acuité de ces demandes et de leur caractère souvent
explosif. En attendant, le ministre promet d'en finir avec la « république des
plantons où de simples agents ou encore des cadres administratifs bloquent la
bonne marche de l'administration».
Le «bas de la pyramide» n'explique pas tout
Le ministre semble même réduire ces blocages à une certaine mauvaise foi
des agents qui «prétendent, à tous les coups, ne pas être au fait de la loi, des
décisions et autres procédures» et invite les walis à en surveiller et à
contrôler les agents qui sont «au bas de la pyramide». La mise à l'index du
comportement du «bas de la pyramide» n'est pas tout à fait fausse, mais il est
clair que ce ne sont pas ces agents qui fixent les modalités d'obtention de
documents administratifs. Depuis son arrivée au ministère, M. Ould Kablia s'est attelé à
«alléger» les dossiers de la carte d'identité nationale et du passeport qui
avaient été particulièrement alourdis par son prédécesseur. L'enfer
administratif subi par les Algériens n'est pas réductible à la «république des
plantons» ou au farniente des agents. En invitant les walis à s'occuper de ce
que font les agents de leur administration, M. Ould Kablia a souligné que leurs comportements a «généré une
crise de confiance» qui a contraint le citoyen «à emprunter des voies
parallèles pour obtenir des prestations, ce qui a développé le phénomène de la
corruption». Là, également, l'argument est à relativiser. Les difficultés
créées par l'administration, au nom parfois d'un souci louable de contrôler, pour
l'obtention de certains services favorisent la corruption. Les walis eux-mêmes
appellent à reconsidérer les «actions de l'administration afin de les adapter
aux exigences et défis multiples». Les recommandations demandent une «attention
particulière» à l'état civil. Le constat a été fait que la délivrance de
documents reste lente et que la solution réside dans « l'allègement des
procédures».
Prise d'otage de la rue
Toujours sur le registre «préoccupations» des citoyens, le ministre a
annoncé qu'un projet de décret exécutif relatif à l'activité de gardiennage des
parkings et des aires de stationnement est entre les mains du gouvernement et
sera mis en application dans les prochains jours. L'administration cherche-tardivement - à rattraper une réalité vécue depuis
longtemps où les jeunes se sont érigés, de facto, gardien de «parking». Une
prise d'otage de la rue à laquelle les automobilistes se plient désormais sans
chercher à la contester. M. Daho Ould
Kablia qui a fait état d'une « très longue enquête»
sur les «parkings» a indiqué que le but était d'organiser «cette activité dans
un cadre formel et légal».
Le décret permettra de statuer
légalement sur les conditions et modalités d'occupation et d'exploitation de la
voie publique, a-t-il indiqué. Reste à savoir si les « chefs de parkings » qui
changent souvent dans la journée vont passer de l'informel autorisé au cadre
«formel et légal». Sur un autre registre et face à la remontée des émeutes, le
ministre de l'Intérieur a agité le bras de la répression en évoquant une
politique de zéro tolérance contre les dégradations des biens publics. La loi
doit être appliquée « contre tout individu impliqué dans le saccage des biens
publics », a-t-il déclaré en citant les incidents survenus à Chemoura (Batna).
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Posté Le : 04/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com