SETIF - Il suffit juste de quitter la localité de Tizi N’Bechar (34 km au Nord de Sétif) et de parcourir quelques centaines de mètres vers l’Est sur le chemin de wilaya (CW) n 137-A, une route sinueuse qui relie la commune susnommée et celle d’Oued El Bared, pour être saisi par la beauté époustouflante du décor.
La verdure est bientôt supplantée par un paysage montagneux sur lequel semble veiller le majestueux massif des Babors à la surface duquel s’accrochent des buissons d’orophyte, une plante endémique propre aux forêts humides de cette région.
Après un peu plus de dix kilomètres de lacets, une plaque indique, vers la gauche, les cascades d’Ouled Ayad, un site niché à trois kilomètres de là, au pied du versant Ouest de l’imposante chaîne des Babors où le silence n’est rompu que par le bruit si distinctif des chutes d’eau dévalant en flots discontinus la paroi abrupte et très escarpée de la montagne.
En contrebas, comme lovés au pied de l’escarpement rocheux, apparaissent de nombreux rochers au milieu desquels serpente, venue des cimes vertigineuses des Babors, une eau pure et presque glacée, même au plus fort de l’été, formant, ici et là, de minuscules lacs limpides où de nombreux jeunes gens n’hésitent pas, durant la saison chaude, à piquer une tête.
Un spectacle sauvage et saisissant qui laisse le visiteur sans voix, surtout lorsque le lieu est admiré depuis les hauteurs. Cette vue plongeante requiert néanmoins du souffle et des muscles, car il faut gravir toute une série d’escaliers. Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, la beauté prodigieuse du site fait oublier la fatigue.
Les férus de randonnées pédestres, les amoureux de la nature, les sportifs désireux de s’oxygéner et les familles en quête de moments de villégiature trouvent invariablement leur bonheur au pied des cascades d’Ouled Ayad au panorama si apaisant, propice à la méditation et au ressourcement, loin du vacarme des villes.
Jusqu’aux années quatre-vingt, ce sont les eaux d’Oued El Bared qui approvisionnaient la ville de Sétif et des environs en eau potable. Une eau pure et fraîche d’une grande qualité dont les personnes âgées de la région se souviennent avec beaucoup de nostalgie.
De multiples atouts pour le tourisme de montagne
"A cette époque, nous n’avions pas besoin d’acheter de l’eau minérale pour étancher notre soif avec une eau pure, claire et exempte de tout parasite", lance dans un soupir Aïcha Berrahmoune, une septuagénaire au visage parcheminé mais à l’esprit vif, restée fidèle à la mlaya noire qui faisait le charme des femmes de sétif.
"Aujourd’hui, l’eau a beaucoup perdu de sa limpidité et a pris un goût bizarre, si bien que l’on ne s’en sert plus que pour la lessive, la vaisselle et les autres tâches ménagères", regrette la vieille Aïcha.
Il est vrai que la formidable expansion de la ville de Sétif et la multiplication de ses besoins ne pouvaient plus s’accommoder de la seule source d’Oued El Bared. Les habitants l’admettent, le comprennent, mais gardent néanmoins la nostalgie de l’eau si fraîche provenant des monts des Babors.
S’agissant du site des cascades d’Ouled Ayad, la commune d’Oued El Bared, malgré ses faibles moyens, a fourni de louables efforts pour en faciliter l’accès. La petite route de 3 km, faisant la jonction entre le CW n 137-A et le site en question, a été entièrement revêtue de béton bitumineux, faisant disparaître les appréhensions des automobilistes qui hésitaient à l’emprunter.
Sur place, un parking a été aménagé, tandis que des jeunes gens de la région ont investi dans la réalisation de petites commodités pour les visiteurs, à l’exemple d’un petit grill-room, d’un café et de l’aménagement d’une terrasse ombragée, construite en bois sur pilotis, protégée de bambous, où il fait bon déguster quelques brochettes ou un thé à la menthe en contemplant le panorama.
Sans doute faudrait-il faire un peu plus pour mettre davantage en valeur cet endroit paradisiaque, propice au tourisme de montage. Mais malgré les manques observés, les cascades d’Ouled Ayad restent attractives.
Leur beauté brute, leur eau si pure et la proximité de l’imposante chaîne des Babors leur confèrent un caractère sauvage dont la singularité pourrait être affectée par des constructions impersonnelles en béton.
En faire un refuge touristique, un lieu d’inspiration artistique et de recherche universitaire (la faune et la flore du massif des Babors sont exceptionnelles), tout en lui conservant son côté havre de villégiature estivale, est, selon Haroun B (25 ans), un habitant de la région, la meilleure idée pour promouvoir les cascades d’Ouled Ayad.
Réputé pour être un véritable "coupe-gorge" durant les années quatre-vingt dix, le site d’Ouled Ayad, désormais sécurisé, dispose aujourd’hui de tous les atouts pour devenir une des destinations privilégiées des adeptes du tourisme de montagne.
Posté Le : 03/12/2021
Posté par : patrimoinealgerie
Source : APS