La violence sur
ascendants prend des proportions alarmantes. Chaque jour qui passe, on entend
parler de parents maltraités. Cette maltraitance est sous forme d'insultes, de
propos humiliants ou d'intimidations, de menaces, des coups et blessures et
peut arriver jusqu'à la mort. La semaine dernière, dans un quartier de la ville
d'Oran, un jeune homme âgé de 30 ans a tenté d'égorger sa propre mère. Juste
avant la rupture du jeûne, il s'était mis à la bousculer tout en lui tenant des
propos malveillants et injurieux et en lui assénant des coups sur tout le corps
et en la menaçant avec un couteau. La pauvre mére n'a
dû son salut qu'à l'intervention des voisins qui ont alerté les services de
police. Arrêté, le mis en cause a été présenté devant le tribunal d'Oran pour
«violence sur ascendant». L'auteur n'a pas nié son acte, mais a avoué, «avec
regret», avoir maltraité sa propre mère. Le procureur de la République a requis
une année de prison ferme à l'encontre du mis en cause. Ce dernier a été
condamné à six mois de prison ferme. Cette terrible tragédie nous renseigne sur
une réalité ô combien amère : il s'agit du phénomène de la violence envers les
ascendants. Le mauvais traitement infligé aux parents par leur progéniture
s'avère aujourd'hui une autre forme de violence familiale, souvent présente, mais
qui demeure encore un sujet tabou. Un phénomène qui n'a aucune limite sociale
ou culturelle. Il touche des parents pauvres et riches, instruits, moins
instruits et illettrés. L'année dernière, le service de médecine légale du CHU
d'Oran a recensé plus de 200 cas de violence contre ascendant.
Ces services
reçoivent quotidiennement des parents demandeurs de certificats d'incapacité. En
dépit des violences subies, l'amour du fils prime. Les mères battues
représentent un taux de 35%, mais rares sont celles ayant déposé plainte. Sur
le total des victimes frappées par leurs enfants, seules 40% déposent plainte. Le
reste use de certificats d'incapacité comme moyen de pression sur leurs enfants
pour qu'ils ne récidivent plus.
Ce fléau qui mine
sérieusement la société algérienne dont l'ampleur prise depuis quelques années
témoigne, à juste titre, d'une régression dramatique dans les relations entre
les parents et leur progéniture. La consommation de drogue, de psychotropes et
les caprices boulimiques des descendants en sont les
principaux facteurs. Une cinquantaine de cas de violence sur ascendants ont été
enregistrés à Oran durant les six premiers mois de cette année. Les victimes
étaient âgées de 40 à 85 ans. Ces derniers ont subi les pires formes de
violence et de torture.
Durant les deux
dernières années, pas moins de 8 affaires de parricide ont été enregistrées à
Oran. Une septuagénaire été tué, l'année dernière, par son propre fils et
enterrée dans le jardin de sa maison à El Ançor, pendant
deux mois. Dans le quartier Mouloud Feraoun, un fils indélicat a mortellement
poignardé sa vieille mère. Quelques mois auparavant, au quartier de Yaghmoracen, un jeune homme âgé de 25 ans a froidement tué
son père à l'aide d'une paire de ciseaux. Des exemples à méditer. La liste est
longue. La violence contre les ascendants est une pratique punie par la loi
algérienne. En ce sens, l'article 267 du code de procédure pénale stipule que
tout individu auteur de coups et blessures volontaires contre ses ascendants est
passible d'une peine allant de 5 à 10 ans de prison ferme. Et dans le cas où
cette forme de violence répréhensible provoque un quelconque handicap chez la
victime, la peine encourue peut s'étendre jusqu'à une vingtaine d'années de
prison ferme.
Le mauvais
traitement infligé aux parents par leur progéniture s'avère aujourd'hui, une
autre forme de violence familiale, souvent présente, mais qui demeure encore un
sujet tabou. Il est triste et déplorable de constater le changement dans les us
et coutumes. Autres temps, autres mÅ“urs ! Finie cette époque où l'autorité
parentale relevait du domaine du sacré et faisait ainsi l'objet d'un respect
exemplaire. Lorsqu'un enfant ne reconnaît pas l'autorité parentale, il ne
reconnaîtra aucune autre forme d'autorité.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com