Algérie

Les capacités de Sonatrach s'érodent



Le principal secteur pourvoyeur de devises, les hydrocarbures en l'occurrence, a subi une chute drastique de son activité en 2020, réduisant substantiellement les recettes du pays qui se sont chiffrées à 20 milliards de dollars seulement, ce qui correspond à une chute de 40% par rapport à l'exercice 2019.Il est vrai que la baisse de 40% des recettes est due essentiellement à la rechute des cours du pétrole amorcée dès le début de l'année dernière ; le Brent atteignant un plancher de 17 dollars en avril, mais le ralentissement de la croissance dans le secteur est antérieur à 2020 et semble être de nature chronique que même Sonatrach n'a pu enrayer.
La dernière note de conjoncture publiée par l'Office national des statistiques (ONS) fait état d'une baisse de 13,4% de l'activité du secteur des hydrocarbures au 1er trimestre 2020 ; la Covid-19 n'étant pas encore répandue dans le pays, cela suggère que le ralentissement allait s'accentuer durant les trois trimestres suivants.
D'autant plus que le groupe public des hydrocarbures a été contraint de réduire sa voilure, rabotant ses dépenses de 8 milliards de dollars courant 2020. L'activité du secteur énergétique continuait ainsi de ralentir durant le précédent exercice, enchaînant une énième année de contre-performances et de baisse de sa croissance.
Celle-ci avait, en effet, chuté de 4,9% en 2019, de 6,4% en 2018 et de 2,4% en 2017. Cet indicateur synthétique de l'ONS reflète le marasme dans lequel s'est empêtré le secteur des hydrocarbures depuis maintenant plusieurs mois.
La baisse de l'activité du secteur, plus particulièrement dans l'amont pétrolier et gazier, est d'autant plus problématique qu'elle creuse davantage les pertes en matière de recettes.
C'est que la baisse de la production primaire d'hydrocarbures complique un peu plus l'exercice de compensation de la chute des prix par la production et les volumes exportables.
Selon les chiffres fournis à Liberté par le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar, la production primaire d'hydrocarbures a totalisé 176 millions de TEP (tonne équivalent pétrole) en 2020, en nette baisse par rapport à 2019.
Les volumes de vente souffrent d'une baisse chronique de la production primaire, incapable de contrebalancer la chute des cours du brut sur le marché mondial et son effet sur le niveau des recettes.
Même si le pays est tenu d'honorer ses engagements au sein de l'Opep+, en limitant son offre aux niveaux autorisés par cette alliance, les contre-performances qu'enchaîne le secteur depuis maintenant plusieurs années risquent à terme de rompre l'équilibre précaire entre la couverture des besoins nationaux et les volumes d'hydrocarbures dédiés à l'exportation.
Cela signifie que les paramètres de vulnérabilité de l'Algérie sont liés, non seulement à sa dépendance de plus en plus accrue à la bonne rentabilité du baril de Brent, mais aussi à la baisse des volumes d'hydrocarbures produits rapportée au taux de consommation énergétique.
Dit autrement, la capacité de production à long terme s'érode dangereusement, incapable d'aider à réparer les effets des chocs externes sur l'économie, alors que le pays fait face à d'importants défis budgétaires.

Ali TITOUCHE


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