Algérie

Les cadeaux qui tuent



Ali Aoun, PDG de Saidal, n?est pas le seul manager à avoir été honoré de prix et récompenses divers à finir au box des accusés. D?autres managers, de banques, d?établissements publics ou privés, ont terminé leur carrière à Blida, après avoir été récompensés pour leur efficacité. D?ailleurs, Khalifa lui-même avait obtenu plusieurs prix pour son engagement dans le patriotisme économique, son savoir-faire moderne et sa gestion intelligente pour finir en accusé du siècle au procès du siècle. Maintenant que ces managers sont tous coupables d?avoir fait le contraire de ce pourquoi ils ont été récompensés, accusés d?avoir détourné de l?argent, agi avec légèreté, touché des avantages, joué avec les fonds des travailleurs, voire simplement été aveugles sur la nature de la relation corrupteur-corrompu dans le cas de Ali Aoun, on peut se demander qui donne ces prix. Qui récompense tous ces hommes qui finissent en délinquants ? La réponse n?est pas simple. Ce n?est pas un homme ou deux, un groupe ou un réseau, un Etat ou une institution. C?est le consensus, cette espèce de fausse adhésion collective qui récompense l?homme du moment par entraînements plus ou moins forcés, cette hypocrisie propre aux logiques de groupe qui fait qu?un jour Chadli est l?homme du siècle, d?ailleurs récompensé, pour finir président le plus honni, qui fait qu?un jour Bouteflika est poursuivi par la cour des comptes pour détournement d?argent et finir ensuite par être proposé par les mêmes hommes au titre de prétendant au Nobel de la paix. Faut-il désormais se méfier des prix littéraires, des prix sportifs ou de celui de la meilleure baqlawa de l?année ? Peut-être pas. Mais le procès de Blida nous aura au moins appris quelque chose. A se méfier de ceux qui sont récompensés. Et surtout à ne jamais accepter de cadeaux. Parce que le système n?en fait jamais, sauf à lui-même.


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