Algérie

Les Bouteflika et les autres.



* * * Tweet* *Ouas Ziani.Un minimum d'objectivité nous impose une lecture bien différente de ce qu'on apprend en lisant les commentaires superficiels et parfois affligeants disponibles sur le net. Le premier sentiment qui aurait dû être exprimé est l'étonnement. Comment est-ce qu'un quart de président arrive à s'imposer pendant trois mandats ' Comment cet homme, décrié quotidiennement depuis 1999, physiquement gravement handicapé, s'est arrangé pour terrasser toute adversité et s'apprête à s'emparer d'un quatrième mandat ' C'est tout de même énigmatique. On nous dit que c'est son frère Said qui serait le grand architecte de ce destin royal. Soit. Mais alors, quel est le secret de ce frère ' Arriver à congédier Larbi Belkheir, Mohamed Lamari et tant d'autres puissants n'est pas à la portée du premier venu, que je sache. Tout de même, on ne renvoie pas le cardinal, l'employeur historique, et l'un de ses meilleurs porte-flingues dans une discrétion sidérante ! Comment a-t-il réussi un tel coup ' On nous dit que c'est parce que les frères Bouteflika sont machiavéliques, des man?uvriers froids, des esprits diaboliques. Soit, convenons-en. Mais, ne sont-ce pas là les qualités essentielles de l'homme politique ' Dans ce pays, pour être ravi, comblé, faut-il exiger des présidents, en particulier, et des hommes politiques, en général, qui soient des benêts, des couards qui, au premier couac, disparaissent la queue entre les jambes 'De tous les chefs d'état que nous avons eus jusqu'ici, Bouteflika est le seul qui a réussi à dicter avec succès son jeu, ses règles. Le premier, Ahmed Ben Bella, un fondateur du FLN, malgré son immense popularité et son ascendant, a passé trois mandats en prison ; le second, Houari Boumediène, colonel, au moment même où il commençait à jouir pleinement de son incontestable autorité, est contraint de prendre un aller simple vers al Alia ; le troisième, Chadli Bendjedid, colonel, s'est vu congédié comme un malpropre dès qu'il a tenté d'élever la voix ; le quatrième, Mohamed Boudiaf, un fondateur du FLN, après un essai non concluant, est transformé en bouillie ; le cinquième, Ali Kafi, colonel, telle une courgette, a assuré l'intérim sur un plat de couscous et le sixième, Liamine Zeroual, général, est contraint de jeter l'éponge et de prendre ses jambes à son cou pour ne reprendre son souffle qu'une fois arrivé à Batna, Betchine, un général sui lui servait de conseiller, accroché à ses basques.La longévité de Bouteflika signifie-t-elle qu'il est une bête politique ' A-t-il fait preuve d'un génie particulier en poussant ses adversaires à la faute qu'il a su opportunément exploiter ' A-t-il profité des forfaits à l'origine de la déconfiture des institutions entretenues fictivement depuis toujours ' A-t-il poussé ses adversaires tant civils que militaires à l'extrême limite de leur cupidité avant de ramasser la mise en les transformant en serviteurs à l'accomplissement de son ambition personnelle ' Ou est-ce simplement un homme ordinaire, quelconque, qui n'a en face de lui que des adversaires obtus, des nains qui croyaient que la violence seule pouvait tenir lieu de démarche politique et suffisait à combler la carence en intelligence ' Les longs et douloureux dressages dans les appareils répressifs de l'état auxquels étaient systématiquement soumises les élites militaires et civiles affectées aux fonctions politiques expliquent sans doute l'incurie dans la conception et l'exécution de l'action des adversaires de Bouteflika. Devenus dirigeants à leur tour, ces personnels ne savent faire que ce qu'ils ont subi depuis le début de leurs carrières : la répression ou la soumission. Dès que les risques d'une action violente sont évalués comme dommageables, la vassalité devient l'unique voie de secours qu'ils masquent souvent par une résistance de pure forme. On n'abdique pas en hurlant de bonheur. Domestiqués par une hiérarchie elle-même domptée à ne rendre de culte qu'aux appareils répressifs de l'état, ces personnels, appelés improprement décideurs, jugent le recours à la société comme un sacrilège et perçoivent la constituante comme la pire des hérésies.La frivolité des adversaires des Bouteflika est visible dans cette opposition démantibulée, dans cette résistance exprimée dans des idées infantiles, des gestes vulgaires, un verbe obscène et, le plus souvent, un ronflement qui tient lieu de discours politique. Youcef, "le robuste gaillard aux muscles nerveux saillants sous la veste en jeans, le 9 mm écrasant ses côtes dans son holster en cuir ramené des USA", le héros d'Adlene Meddi, concentre à lui seul toute l'insignifiance, la petitesse des adversaires des Bouteflika, l'aîné à moitié handicapé et le cadet, une tête saillante suspendue à un corps osseux.Ouas Ziani.Nombre de lectures: 285 Views




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