Produit de large consommation par excellence, soutenu par l'Etat, le pain est aujourd'hui au centre des tractations autour du relèvement ou pas de son prix, entre la corporation des boulangers et le ministère du Commerce.
Youcef Kalafat, président de la Fédération des boulangers, affirme qu'«il n'y a jamais eu de subvention de l'Etat pour le pain mais uniquement pour la farine, qui est parmi les matières premières subventionnée pour tous les Algériens». Certes, rétorque Aït Abderrahmane Abdelaziz, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, mais «le prix du pain est fixé par décret à 7,50 DA pour l'ordinaire et 8,50 DA pour l'amélioré et la farine panifiable est subventionnée». En tout état de cause, les boulangers ne veulent pas une augmentation du prix du pain, selon M. Kalafat, ce qui n'est d'ailleurs «pas à l'ordre du jour du gouvernement», précise M. Aït Abderrahmane.
La revendication concerne une révision de la marge bénéficiaire «de 3% actuellement pour la porter à 20%», réclame le représentant des boulangers. Revendication légitime, selon le ministère du Commerce, M. Aït Abderrahmane reconnaissant que «depuis quelques années, certaines charges ont augmenté ainsi que certaines matières premières qui entrent dans la fabrication du pain». Toute la problématique consistera donc à relever la marge bénéficiaire des boulangers sans augmenter le prix du pain. Pour y parvenir, les boulangers demandent «des subventions sur les matières premières : la levure, les améliorants, le gaz, l'électricité. Elles seraient de 20%, un taux qui sera donc automatiquement la marge bénéficiaire», indique M. Kalafat.
En réponse à cette revendication, M. Aït Abderrahmane affirme qu'«il n'est pas envisagé de subventionner les matières premières comme la levure ou les améliorants ; au niveau du cabinet du Premier ministre, on est entrain de voir dans quelle mesure on va augmenter les revenus des boulangers sans grever les prix du pain». Il peut s'agir d'intervenir sur «d'autres prix que celui du pain lui-même, comme la farine ou à travers des avantages fiscaux».
Au niveau du ministère du Commerce, on a fait des propositions pour «favoriser une marge bénéficiaire plus conséquente, mais de manière indirecte». D'ores et déjà, précise le représentant du ministère, il a été décidé la suppression de la taxe d'environnement, la baisse de l'impôt forfaitaire unique de 12% à 6% et la sollicitation d'une aide de la BADR pour l'acquisition de groupes électrogènes à travers la formule de leasing. Pour l'heure, aucune décision n'a encore été prise, mais, selon M. Aït Abderrahmane, «les plus lésés sont la plupart du temps des boulangers situés en zones rurales, dans les petites localités isolées où ils ne fabriquent que du pain ordinaire. La plupart des boulangers se rattrapent à travers la vente de croissants, gâteaux, pâtisseries pour lesquels les prix sont libres».
L'OAIC et les ERIAD répliquent
Cette vague de contestation soulevée depuis quelques semaines par les boulangers semble susciter le scepticisme dans le secteur de l'agriculture. Le secrétaire général de l'OAIC, Nourdine Marouani, estime ainsi que le coût de revient de la baguette n'excède pas les 6 DA. Pour étayer son propos, il cite une récente étude menée par l'Eriad, tenant compte des coûts de tous les intrants dans la production du pain et des différentes charges. Auparavant, les boulangers, s'appuyant sur une étude réalisée par l'UGCAA ont estimé le prix de revient de la baguette entre 11 et 12 DA.
De son côté, M. Zeghouane, directeur général de l'ITGC, sous tutelle du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a mis le doigt sur la consommation irrationnelle du pain qui entraîne «un gaspillage très important». Pour cet expert, le prix actuel du pain, soutenu par les pouvoirs publics pour le maintenir à un niveau bas ne contraint pas les consommateurs à une maîtrise du produit. Cependant, il estime inopportun d'évoquer de nouvelles subventions sur les farines car «le mécanisme mis en place assure la subvention et la régulation. Mais il faut noter que sur le marché mondial, les farines sont issues de plusieurs qualités de blé tendre et chacune est destinée à un produit donné.
Le blé utilisé pour le pain est moins cher que celui utilisé dans la fabrication de gâteaux. Cependant, le pain que nous mangeons n'est pas de bonne qualité. Le bon pain ne contient pas d'améliorant ou d'agent conservateur et nous pouvons le fabriquer à base de blé développé au niveau local». Même sur le plan qualité, le même responsable bat en brèche la question de la qualité des blés soulevée par certains transformateurs remettant en cause le blé local. A cet égard, fait savoir M. Zeghouane, «certains transformateurs ont soulevé la question. Or, nos études ont démontré le contraire : le blé de bonne qualité est récolté à un taux d'humidité de 14% et nos blés répondent à la norme. Si ce taux est supérieur, il provoque le pourrissement, s'il est inférieur à 14%, le grain nécessite une réhumidification pour qu'il ne se casse pas».
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Posté Le : 25/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Naili Safia Berkouk
Source : www.elwatan.com