Algérie

Les boucs émissaires



Il est tout à la fois faux, injuste et malhonnête de rejeter sur les seuls partis «sanafirs» la responsabilité de la désaffection des citoyens à l'égard de la chose politique et leur refus de l'acte électoral.  Ils sont évidemment responsables, pour partie, de cet état de fait, mais pas autant que ces autres formations disposant prétendument d'un ancrage dans la société, qui les chargent de la faute de toutes les déviations qui ont corrompu le champ partisan et provoqué son discrédit auprès des citoyens. Que l'amendement de la loi électorale que l'exécutif gouvernemental s'apprête à introduire signe la disparition d'un certain nombre de partis, n'est pas pour mobiliser l'opinion publique contre lui. Pour autant, il ne va pas réconcilier celle-ci avec ceux qui lui survivront.  Selon Ahmed Ouyahia, qui s'est exprimé jeudi sur cet amendement, son enjeu serait de «nettoyer la politique du business, de l'argent sale et de pratiques qui ne sont pas faites pour honorer ni la démocratie, ni les partis politiques algériens quels qu'ils soient». C'est là un vaste et honorable projet, mais il est douteux que l'amendement concerné suffise à sa concrétisation.  Les «grands partis» qui parviendront à remplir les conditions qu'il impose pour la participation aux élections locales et législatives sont-ils pour autant à l'abri de ces maux dont le secrétaire général du RND dit attendre l'éradication ? Les partis de l'alliance, pour ne citer que ceux dans le camp desquels se situe la formation d'Ouyahia, n'ont-ils pas recours au business, à l'argent sale et aux pratiques réprouvables ? La réponse ne fait aucun doute pour les citoyens informés et parfois témoins de deals et de marchandages de cette nature dans ces milieux. Pour eux, les «grands partis» sont tout autant perméables à la corruption politique que les «sanafirs» qui s'y adonnent avec l'excuse contestable d'assurer leur survie. De ce comportement qu'ils constatent à l'occasion de chaque élection, ils ont finalement conclu que c'est toute leur classe politique qui est atteinte de cette maladie, d'où leur rupture globale d'avec elle.  La disparition des «sanafirs» ne sera certainement pas dénoncée en tant qu'atteinte à la démocratie et au multipartisme par l'opinion publique. Pour autant, celle-ci ne se fera aucune illusion sur les formations qui survivront à la mise en oeuvre de l'amendement de la loi électorale. L'assainissement et la moralisation du champ politique et partisan ne se réaliseront que par l'émergence d'un nouvelle classe politique dont les acteurs se distingueront par leur engagement sur des principes et des convictions qui réhabilitent la pratique politique et partisane et ne l'entachent pas des tares qu'elle traîne et qui ont fait que les citoyens s'en sont détournés.  C'est là un objectif que l'amendement prévu est loin de permettre qu'il soit atteint, quoi qu'en disent l'exécutif qui l'a conçu et les partis qui l'ont approuvé et soutiennent l'adoption.




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