Algérie

Les "bonnes affaires" des enseignants critiquées



"Pour les matières de physique et de mathématiques, le prix varie entre 4 000 et 6 000 DA la séance de deux heures. Quelle est la proportion des familles qui peuvent assumer ces dépenses '" s'interroge un enseignant.L'approche des examens du baccalauréat dans ce contexte très particulier de crise sanitaire repose à Oran ? avec plus d'acuité que de coutume ? la problématique des cours privés dispensés par des enseignants du secondaire ou des professeurs d'université à des prix défiant tout entendement. "De nombreux collègues donnent des cours aux candidats au baccalauréat à des tarifs prohibitifs et, parfois, dans des conditions de surcharge", reconnaît Abdelkader, professeur d'enseignement secondaire, qui reproche à une partie de ses confrères et cons?urs de ne pas mettre l'intérêt des élèves au c?ur de leurs préoccupations. "Quand un enseignant dispense un cours de deux heures à une cinquantaine ou une soixantaine d'élèves, rassemblés dans un garage, contre 2 000 DA par étudiant, je considère qu'il se soucie moins de l'intérêt de l'élève que de son propre confort", continue Abdelkader, convaincu qu'il est difficile, voire impossible pour les apprenants d'assimiler les leçons dans des conditions pareilles.
L'autre alternative qui se présente aux candidats au baccalauréat est le cours individuel assuré à domicile. "Mais là aussi, le tarif exigé est prohibitif : pour les deux matières de physique et de mathématiques, par exemple, le prix varie entre 4 000 et 6 000 DA la séance de deux heures. Quelle est la proportion des familles algériennes qui peuvent assumer ces dépenses '" s'interroge l'enseignant pour lequel de nombreux enseignants devraient réviser la conception qu'ils se font du métier d'enseignant.
Résultats immédiats de ce "mercantilisme" qui ne dit pas son nom, de nombreux candidats au baccalauréat recherchent vainement des enseignants pour préparer leur examen. "Ma fille, élève en technique-maths, a besoin de cours de perfectionnement en maths et en physique. L'établissement de soutien où elle était inscrite est fermé et je n'arrive pas à lui trouver un enseignant à un prix raisonnable", se plaint un parent d'élève, estomaqué par les tarifs exigés. "Je ne peux pas me permettre de verser 40 ou 50 000 DA de frais de cours de soutien. La seule alternative qui me reste est de confier ma fille aux soins de ma jeune belle-s?ur, enseignante de physique, en espérant qu'elles réussiront à revoir l'ensemble des cours des deux premiers trimestres. Quant aux mathématiques, je continue à prospecter (...)", termine notre interlocuteur, très préoccupé par l'incertitude qui entoure la situation de sa fille.
Les cours de soutien promis par les pouvoirs publics pour fin août ' Les parents interrogés ne cachent pas leur scepticisme. Avec la hausse inquiétante des cas de coronavirus, la probabilité de prise de mesures sanitaires restrictives, l'inconstance des autorités, les parents d'élèves avouent ne pas se sentir en confiance. "Nous avons eu l'exemple des cours dispensés via la chaîne de télévision nationale. Elèves et parents ont été unanimes à en dénoncer l'inefficacité. Rien ne prouve que les dispositions prises pour les candidats au baccalauréat soient plus efficientes", s'inquiètent-ils. En tout état de cause, la crise sociosanitaire n'aura pas seulement donné la mesure de la faillite du système de santé algérien, elle a également révélé l'étendue de l'échec du système scolaire.


S. Ould Ali


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