Algérie

Les bilans auraient mieux parlé


Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, revient à  la charge à  l'occasion de l'anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, pour défendre «ses réformes politiques» et appeler les Algériens au vote lors des élections législatives du 10 mai prochain. Il est carrément en campagne, espérant booster le taux de participation qui, visiblement, l'inquiète au plus haut point. C'est sa troisième sortie médiatique sur le sujet en l'espace de quelques jours. La première fois lors de la convocation du corps électoral ; la deuxième à  l'occasion de la Journée du chahid et la troisième en envoyant, hier, un message à  l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA).
C'est en fait la panique dans le sérail, qui nourrit de vives inquiétudes que les Algériens désertent de nouveau les urnes. Toute la machine de l'Etat est mise en branle pour convaincre de la nécessité et de l'utilité de voter lors des prochaines législatives. Le président Bouteflika a appelé le peuple algérien à  élire avec «sérieux et responsabilité» ses députés, expliquant que «la prochaine Assemblée populaire nationale (APN) sera mandatée pour participer à  la révision constitutionnelle». Visiblement, le premier magistrat du pays veut convaincre du bien-fondé de ses réformes qui, selon lui, «permettront à  l'Algérie d'arriver au parachèvement d'un Etat de droit et d'ouvrir grande la voie à  la participation des citoyens aux décisions qui les concernent et au libre choix de leurs représentants dans toutes les institutions, depuis les Assemblées populaires communales et les Assemblées populaires de wilaya jusqu'au Parlement». Mais la multiplication des appels au vote suffira-t-il à  capter l'intérêt des Algériens, échaudés par le recours systématique, des années durant, à  la pratique de la fraude ' Et lorsqu'on sait tous les soupçons qui pèsent sur les prochaines élections et les inquiétudes de l'opposition politique sur leur déroulement, ce sera vraiment laborieux de faire passer le message auprès d'une population en rupture de ban avec une direction politique qui n'a pas, en réalité, de bilan. Et si le pouvoir politique en possédait réellement un, il n'aurait pas eu besoin de tant de dépense d'énergie pour faire le plaidoyer de la participation. Le bilan à  lui seul aurait suffi. Seulement, lorsqu'on a passé des années à  casser les ressorts politiques en monopolisant les médias publics et en verrouillant le champ politique, on ne peut que s'attendre à  une réaction intempestive des Algériens. Ce que le chef de l'Etat qualifie de «direction politique du pays» donne l'impression de vivre, en effet, sur une autre planète. La réalité du pays est autre. L'économie nationale est restée telle qu'elle était il y a dix ans : totalement dépendante des recettes pétrolières, sans oublier la série de scandales qu'elle a connus. Sur le plan politique, c'est la régression totale. Cette situation, les Algériens la vivent. Aucun discours n'est susceptible de leur faire admettre que ceux qui gèrent le pays ont subitement adhéré aux principes de la démocratie et de l'alternance, eux qui ont passé leur temps à  dévoyer la pratique politique. C'est l'heure des bilans. Et quand c'est l'heure, ce sont ceux-là qui parlent et non pas les discours.
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