Algérie

Les Berbères vus par le regard méprisant des Byzantins


Le café littéraire de Béjaïa a accueilli, mardi dernier, Paolo Odorico, un spécialiste de l'époque byzantine, de renommée internationale, qui a animé une brève communication sur la construction de l'image des Berbères par les Byzantins. Odorio, qui est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (France), se base sur un manuscrit d'un auteur aristocrate chrétien byzantin du nom de Corypte, pour décrypter une compilation d' écrits qui renferme des matériaux rares sur une partie de l'histoire de l'Afrique du Nord durant le VIe siècle avant JC. Corypte décrit les Berbères sous une vision méprisante, raciste et coloniale. Les Berbères étaient alors confinés dans les montagnes pour résister à l'invasion des barbares venus du nord de l'Europe et des Visigoths (Vandales). Les récits de Corypte évoquent les Berbères qui ont mené une rébellion en 535 avant JC. L'auteur présente alors ces autochtones comme « des gens qui ont trahi l'empereur » contre lequel ils ont mené une rébellion « injustifiée ». « Ce parti pris s'explique par la volonté de justifier l'action de déposséder les Berbères de leurs terres », explique Paolo Odorico.La période marquant l'arrivée des Vandales, au début du Ve siècle, et qui furent les nouveaux maîtres de l'Afrique qui était jusqu'alors sous domination romaine, reste très peu connue. Les Berbères doivent tour à tour lutter contre les Vandales mais aussi combattre les armées de l'empereur byzantin Justinien qui a envahi l'Afrique du Nord. En 535, année qui ouvre la période de domination byzantine, les Berbères subissent une sévère répression. Persécutés, les autochtones ont fini par fuir les villes contrôlées par les Byzantins afin de s'établir dans les montagnes et d'y mener une persistante rébellion. Même si le but recherché est de les dénigrer, les manuscrits de Corypte ont toutefois le mérite de décrire le mode de vie social et culturel des Berbères. Une description qu'il faut prendre toutefois avec des pincettes, vu l'angle méprisant des auteurs byzantins. Le champ des recherches de Paolo Odorico s'étale de la fin de l'Antiquité jusqu'au XVIIIe siècle, dans les domaines de la littérature, de la philologie, de la culture et de l'histoire.
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