Sur les hautes plaines de l'Est, au pays des
cigognes, il n'y a pas que des champs de céréales. Là ou chevauchait jadis
El Mokrani se meut aujourd'hui un monde
industrieux. Bordj Bou Arreridj (BBA) s'enorgueillit d'avoir sa zone
industrielle où s'activent quelque deux cents entreprises dont celles du groupe
Benhamadi.
Les anciens de «BBA» ne se font pas prier
pour parler des Benhamadi, père et fils. «El Hadj Mohamed Tahar, leur père,
était, avant l'indépendance, dans le commerce des produits alimentaires et le
transport… A l'indépendance, en 1962, il a continué. Comme les commerçants
d'alors, il a ramé durant les périodes de pénurie. Mais, il a tenu et surtout
il s'est orienté vers le commerce des matériaux de construction. C'est dans ce
domaine qu'il a fait fortune».
L'explication des Bordjiens corrobore grosso modo la réalité. La
construction, entre les plans de développement des années fin 60 et des années
70 et 80 dans le logement, est un domaine où l'on pouvait réaliser de
florissantes affaires. Au début, d'ailleurs, tous les fils Benhamadi n'étaient
pas dans le commerce privé. Smaïl, par exemple, a été directeur de l'Edimco
(entreprise publique de commercialisation des matériaux de construction) à BBA,
durant la première moitié de la décennie 80.
La diversification
Aujourd'hui, le commerce des matériaux de
construction n'est qu'une branche des activités des Benhamadi. Mieux, ils se
sont lancés dans la production avec la GEMAC (Générale des matériaux de
construction) dont dépend Argilor, une unité de fabrication de briques. Une
autre entreprise, «Benhamadi Eurl» fabrique et vend du carrelage. El Hadj
Tahar, avec Smaïl, Hocine, Abdelhamid et Abderrahmane, quatre de ses cinq fils,
a prospéré en se diversifiant. Il a ainsi créé «Polyben», spécialisée dans la
production et la commercialisation de sacs tissés en polypropylène utilisés
pour l'emballage de produits alimentaires tels que la farine et les légumes
secs. Il a créé «Gerbior», une semoulerie et minoterie.
Cette dynamique créatrice de richesses
débouche également sur la naissance de Hodna Métal et Antar Trade-Condor,
spécialisé dans la production et la commercialisation de produits domestiques
électroniques et électroménagers. Hodna Métal est une réponse au marché
national qui était notamment demandeur de «panneau sandwich». Il a fallu
maîtriser le process technologique de production pour pouvoir prétendre figurer
parmi les producteurs. En tout, le groupe Benhamadi compte six entreprises avec
un capital cumulé de plus de 100 millions de dinars et emploie près de 2 000
personnes. Ce qui brille le plus, que l'on voit le plus, c'est la marque
Condor. Elle domine le groupe, serait-on tenté de dire.
Condor, la marque phare
Avec ses produits électroniques et
électroménagers présents sur les 48 wilayas, le Groupe est bien incrusté. Selon
des données publiques, il détient plus de 30% de parts de marché avec ses 380
000 téléviseurs, mis annuellement sur le marché. Antar Trade Condor a obtenu,
en 2007, la certification ISO 9001 pour la production, la commercialisation et
le service après-vente. Condor, qui fabrique en partenariat avec le chinois
Hisense plus de 120 000 frigidaires par an, produit également plus de 250 000
démodulateurs numériques et plus de 40 000 climatiseurs annuellement, dont une
partie est exportée vers la Tunisie.
Les usines du Groupe exportent aussi vers la Libye et la Jordanie.
Cela leur a procuré un revenu de 500 000 dollars. Ce n'est pas encore le
jackpot, car le groupe Benhamadi ambitionne de réaliser 10% de son chiffre
d'affaires à l'exportation d'ici à 2011.
Propriétaires, cadres ou simples salariés, tous n'oublient pas les
durs moments de la matinée du 02 avril 2006 lorsqu'ils ont constaté les dégâts
causés par le feu, durant la nuit, à l'usine de montage de téléviseurs. Réduite
en cendres. Le préjudice avait été estimé par un responsable de l'usine à plus
de 50 milliards. L'été suivant, l'usine était reconstruite et remise en
production.
Aujourd'hui, les investissements du Groupe, selon la plus récente
évaluation connue, tournaient autour de 4 milliards de dinars. Désormais, les
Benhamadi s'engagent aussi dans le monde de l'informatique à travers un
partenariat signé avec le leader mondial Microsoft, fièrement annoncé par
Abderrahmane Benhamadi, le PDG de Condor. Objectif : monter des
micro-ordinateurs (des desktops), en veillant à parvenir à un maximum
d'intégration. Avec ses équipes, il a parallèlement jeté son grappin sur le
créneau de l'éclairage des grandes infrastructures. Avec ses ingénieurs et
techniciens, formés à l'étranger, Condor compte déjà un beau palmarès :
l'éclairage du stade de la ville de Bordj Bou Arreridj, de la wilaya de
Khenchela, de Chlef, de Aïn Temouchent, Naama. Les équipes de Condor ont
ensuite obtenu les marchés des complexes sportifs de Ghardaïa, El Oued et
Skikda.
Options
Le Groupe Benhamadi revendique un fort ancrage social. Il cite en
exemple son réseau commercial national mais également les contrats signés avec
les universités de Bordj Bou Arréridj, de Sétif et de Béjaïa dont il recrute
chaque année des ingénieurs, majors de promotion. Il faut dire aussi que les
Benhamadi ne se désintéressent pas de la politique. En 2009, Smaïl a animé à
Bordj un comité soutien à la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence
de la République. Moussa, l'aîné, a été député FLN (2002-2007). Il est le seul
à ne pas activer au sein du Groupe familial.
Ingénieur, chercheur en système d'information et réseaux, il a
assuré les postes de chargé de cours informatique au CDTA (Centre de
développement des techniques avancées) et de maître assistant en informatique à
l'Université des sciences et technologies Houari-Boumediene. Il s'est fait
connaître du public en dirigeant, à partir de 1986 jusqu'en février 2003, le
Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (le CERIST) ou
fut créé le premier provider public qui permis aux algériens en 1993 d'accéder
à Internet. Depuis fin 2007, il est Pdg d'Algérie Télécom, l'opérateur
historique. Chez les Benhamadi, chacun a choisi sa voie.
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Posté Le : 27/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali BOUAZID
Source : www.lequotidien-oran.com