Algérie

Les batailles culturelles qui se perdent Arret sur image



Les batailles culturelles qui se perdent                                    Arret sur image

En période de graves crises systémiques, comme c'est le cas actuellement pour la majorité écrasante des pays, les liens de confiance, les liants traditionnels et même ceux de légitimités acquises démocratiquement, sont remis en cause par de larges couches de la planète, au Nord comme au Sud. Les désordres économiques, financiers dans les pays et les questionnements sur la légitimité et la gouvernance au Sud, surtout dans l'espace arabo-africain riche en ressources naturelles et en mono-culture, font oublier l'instance culturelle. Or, celle-ci aux USA, en Europe, au Canada, au Japon échappe aux misères des banques, de l'industrie et de l'agriculture. Dans ces contrées, les industries culturelles, pour une large part détenues par le secteur privé, font toujours de l'affluence et attirent une part du pouvoir d'achat. Refuge ' Liant à protéger ' Appartenance à une civilisation, à un pays, à un continent ' C'est tout cela et plus encore. En cette période de dépression, de morosité et de profondes inquiétudes, dans les pays riches, les industries culturelles, celles du tourisme et des loisirs jouent parfaitement leur rôle. Elles maintiennent le festif, le vivre-ensemble, l'optimisme et, surtout, elles fédèrent et galvanisent le vivre-ensemble dans la diversité, et fédèrent au-delà des idéologies. Un grand artiste européen est suivi par des individus de gauche, de droite, du centre, etc.En Algérie, pendant longtemps, et à ce jour, la crise culturelle a été masquée par le logement, le taux de chômage, le pouvoir d'achat, le déclassement des couches moyennes dans l'enseignement, la recherche, la santé et leur relégation au domicile parce que le désert culturel, celui des débats, des projets qui génèrent de l'enthousiasme sont asséchés systématiquement par les trabendismes idéologique, politique pratiqués à grande échelle par les appareils avec le soutien des chefs de l'intolérance et des exclusions qui ne sont jamais inquiétés alors qu'ils violent la Constitution et les lois.Des millions de jeunes Algériens n'ont jamais vu un grand écran, un ballet, un concert d'une star mondiale, une pièce de théâtre, hors des normes édictées par les polices culturelles, des m'urs et des analphabètes numériques de la religion musulmane. Et n'allez surtout pas demander à la commission culturelle (si elle existe) de l'APN de nous livrer son travail sur l'Algérie et le reste du monde dans le domaine, en fonction des normes et critères de l'Unesco où l'Algérie est membre à part entière. En Algérie, les déficits culturels (productions, infrastructures, formations, coproductions, libertés de création et d'expression, nombre de diffuseurs TV, PME, PMI privées, centres culturels dynamiques en Europe, en Afrique, dans le monde arabe, etc.) sont tels que même trois plans Marshal ne suffiraient pas à nous rapprocher des normes de l'Unesco.Dans les démocraties où la culture occupe une place de choix en termes économiques, d'emploi, de fiscalité, politique et sociétal, le vieux débat entre la culture des élites et celle de masse relève de la préhistoire. Tous les goûts, ciblés après des études pointues, tous les âges, tous les niveaux socioculturels, toutes les immigrations trouvent leur compte et passent à la caisse pour faire tourner les industries culturelles. Les petits «cultureux» dans les administrations lisent à la loupe l'agenda des rencontres internationales pour «fourguer» des vieilleries à des organisateurs pas dupes pour un sou qui ratissent même des navets pour l'intérêt de leurs champs linguistique, migratoire et pour les objectifs, à long terme, de leur diplomatie. Ayant perdu pour toujours une part de marché dans le tourisme (intolérances et police religieuse à l'appui) nous perdons le combat pour une culture nationale libérée des tutelles, des commissaires politiques et des fatwas assenées là où personne ne s'attendait.
A. B.




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