Algérie

Les banques peuvent-elles remplacer le budget de l'Etat '



Les banques peuvent-elles remplacer le budget de l'Etat '
Le financement du logement en Algérie, c'est encore, en 2016, plus de 477 milliards de DA (4,7 milliards de dollars) de ressources fournies par le Trésor public.Le montant des transferts sociaux budgétisés, en hausse de 7,5% par rapport à la LFC 2015, a échappé aux coupes budgétaires. Le montant des transferts alloués au secteur de l'habitat par les différentes lois de finance renseigne sur l'ampleur du financement public du logement des Algériens. Les programmes de réalisation de logements sociaux locatifs (LPL), entièrement financés par les ressources du Trésor public et qui portent, bon an mal an, sur plus de 50 000 unités, sont dotés de plus de 150 milliards de DA. Le logement public aidé en milieu rural et urbain reçoit, pour sa part, un peu plus 300 milliards de DA constitués essentiellement de l'"aide frontale" de 700 000 dinars accordée par la Caisse nationale du logement (CNL) dont le dispositif a été étendu, en août 2014, aux opérations de réhabilitation des logements collectifs lancés dans les grandes villes algériennes.Montée en puissance du crédit immobilier hypothécaireLe décor du financement du logement est cependant en train de changer rapidement. L'essentiel de l'attention du public et des médias algériens est aujourd'hui polarisé par les nouveaux programmes de logements AADL et LPP. On s'attend au cours des prochaines années à ce que, stimulé par l'importance des programmes de logements mis en ?uvre dernièrement au profit des classes moyennes, le crédit immobilier hypothécaire continue à augmenter très vite au point de se substituer progressivement au financement budgétaire. Ce passage du logement "gratuit" au logement financé par des crédits bancaires est en tous cas aujourd'hui un objectif affiché explicitement par les pouvoirs publics.C'est aussi l'évolution la plus significative des dernières années. Depuis 2011, la Banque d'Algérie signale une croissance accélérée des crédits immobiliers aux ménages. Dans une note de conjoncture récente, elle indique que "les crédits aux ménages sont en hausse de 16% dans le cadre de leur inclusion financière, essentiellement au titre des crédits hypothécaires qui enregistrent une nouvelle hausse de 18,7% à décembre 2014, tirés par le développement du marché immobilier". La solution alternative constituée par le crédit immobilier hypothécaire, monte donc en puissance rapidement. Après avoir franchi pour la première fois la barre du milliard de dollars en 2012.Des crédits immobiliers fortement bonifiésIl faut dire que depuis quelques années, les pouvoirs publics ont mis le paquet pour parvenir à cet objectif et que le crédit immobilier est devenu un de leurs enfants chéris. La LFC 2009 a aussi créé un dispositif de bonification des taux d'intérêt extrêmement avantageux pour les emprunteurs. Ce dispositif, dont sont exclues les seules auto-constructions en milieu urbain et la vente entre particuliers, se traduit dans la plupart des cas par un taux d'intérêt effectif qui ne dépasse pas 1%. Ce qui en période d'accélération de l'inflation constitue une véritable aubaine pour les emprunteurs. Ces derniers ne s'y trompent d'ailleurs pas, et les banques algériennes doivent gérer depuis plus de 5 années maintenant un afflux sans précédent de demandes de crédits. Le coût de ce dispositif pour le Trésor public qui est censé rembourser aux banques le montant de la bonification est cependant toujours un secret bien gardé.Une refonte du paysage bancaireCette évolution du financement du logement s'est accompagnée également d'une refonte récente du paysage bancaire. Dès 2013, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, déclarait : "Nous avons actuellement des banques plus ou moins spécialisées, comme la Cnep (...). Des discussions sont en cours entre les services du ministère de l'Habitat et ceux des Finances pour voir s'il y a utilité de créer une nouvelle institution de financement de logement."Quelques mois plus tard c'est le ministre de l'Habitat, M. Abdelmadjid Tebboune, qui annonçait que le gouvernement a décidé de confier cette tâche au Crédit Populaire d'Algérie (CPA) ajoutant que le choix de cette institution financière était motivé par la "grande expérience" de celle-ci dans la gestion des fonds et crédits destinés au secteur. Le rôle nouveau attribué au CPA semble en réalité s'inscrire dans une double démarche. La première orientation consiste à exploiter l'expérience du CPA en matière de financement des entreprises de réalisation du secteur, domaine dans lequel elle joue un rôle de leader dans le but de lui confier l'accompagnement des sociétés mixtes créées au cours des dernières années. Dans ce domaine elle n'est cependant pas seule mais prend systématiquement la tête d'opérations de financements syndiqués accessibles à l'ensemble des banques algériennes. Le CPA a, en outre, été désigné comme le partenaire bancaire exclusif de la formule LPP, qui a connu quelques déboires au cours des derniers mois avec le désistement annoncé fin 2015 d'un grand nombre de souscripteurs.H. H.




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