Algérie

Les banques peinent à capter l'argent qui dort



Le gouvernement s'engage de nouveau à favoriser la mobilisation de l'épargne qui dort, notamment dans le marché informel. Il compte y parvenir par le biais d'initiatives nouvelles dont il n'a pas encore révélé la teneur. "Nous travaillons à l'élaboration d'une série d'approches pour capter ces fonds dont la plus grosse partie découle de transactions commerciales légales, mais non déclarées", a expliqué le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, à l'occasion de l'installation, samedi, 30 octobre, de l'Observatoire national de l'épargne.Les banques auront un rôle-clé dans ce processus. Il leur appartient de trouver les moyens de "rétablir la confiance" des acteurs de l'informel dans les banques, a ajouté le Premier ministre. Ce dernier les a appelées à "mettre en place un plan de communication efficace qui promeut l'épargne et conforte la culture de l'inclusion financière, à même d'attirer les fonds thésaurisés et la masse monétaire circulant dans le circuit informel". En difficulté financière, l'Etat compte beaucoup sur l'argent de l'informel.
Dans un discours prononcé fin septembre dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné que les fonds qui y circulent, estimés à 90 milliards de dollars, doivent servir à financer l'économie nationale. De nombreux experts mettent en relief la faiblesse de l'épargne domestique, estimant que celle-ci n'est pas suffisamment mobilisée et qu'elle quitte les banques pour aller vers la monnaie fiduciaire et le marché informel. Il s'agit là d'un mouvement de désépargne que les institutions financières n'arrivent pas arrêter.
De leur point de vue, l'éloignement physique des agences bancaires, dans certaines régions, n'est pas le seul facteur qui limite la croissance de l'épargne financière en Algérie. Il faut dire que les banques ne font pas l'effort financier nécessaire pour attirer et gérer l'épargne des populations. Selon le Premier ministre, l'épargne nationale est passée de 2623,707 milliards de dinars fin 2018 à 2860,366 milliards de dinars fin juin 2021. Ainsi, les chiffres de l'épargne montrent que le pays est engagé sur un sentier de croissance faible.
Aïmene Benabderrahmane admet que "ce niveau d'épargne est correct par rapport à la taille de l'économie algérienne, mais qu'il reste faible par rapport aux potentialités auxquelles nous aspirons parvenir". Soulignant l'importance que représente l'épargne, premier catalyseur de la croissance économique, au regard de sa contribution au financement de l'économie, Benabderrahmane a appelé tous les acteurs dans le secteur financier, notamment les banques, à "davantage de mobilisation" pour relever ce niveau.
La tâche est, cependant, difficile, du fait de la nécessité de tenir compte de nombreux facteurs comme l'inflation et les taux d'intérêts qui échappent à l'emprise des banques. Or, un taux de placement bas et une inflation élevée n'incitent pas les ménages à déposer leur argent dans une banque, en utilisant des comptes épargne. Aussi, est-il important d'instaurer un fonds de placement à même de garantir les rendements des placements des épargnants. Peut-être que l'Observatoire national de l'épargne aura les capacités de jouer ce rôle moteur...
Pour le Premier ministre, cet organe représente "un outil au service de la communauté bancaire et de tous les acteurs intéressés par l'épargne et ses enjeux économiques". C'est également, a-t-il noté, une "force de proposition concernant l'innovation sur les produits à mettre sur le marché en couvrant les aspects conceptuels, réglementaires et fiscaux".

Youcef Salami


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