Algérie

Les bandits attaquent à l'aube


Les bandits attaquent à l'aube
Maître Benouadah Lamouri s'est avéré, avec l'expérience, un redoutable défenseur d'inculpés...Trois copains s'attaquent à un commerçant de très bonne heure. Ils rongent du noir tard le soir aux Quatre-Hectares. Et ils rongent du noir pour avoir pris le risque de voler à l'aube, donc, dans le demi-soir. Et leur destin risque d'être plus noir i-e dur, dur, dur...Dans cette affaire, c'est la première fois que des jeunes s'attaquent à l'aube naissante à un citoyen pour le voler. Mais bon sang pourquoi l'avoir poignardé' Et tous les magistrats du siège se posent les mêmes questions. Ils la posent à tous les inculpés qui leur sont présentés.Le président Khaled Benyounès, le procureur, les avocats à leur tête le fougueux Benouadah Lamouri, en ont fait un casse-tête. Mohamed, Hakim Karim ont beau reconnaître le vol, quoique de légères contradictions soient apparues, mais la manière avec laquelle il a eu lieu suivi de coups et blessures n'a pas convaincu le juge qui a dû lire les déclarations de la victime aujourd'hui absente - défaillance éloquente - car comment se mettre debout aux côtés de celui qui lui a «craché» du lacrymogène, celui qui lui a pris le cou par derrière et celui qui lui a causé six points de souture en raison d'un un coup de couteau donné dans le dos: «Je n'ai su qu'après coup ce qui s'était passé. J'avais pour prérogative de ne prendre que les bagages de la victime, de m'enfuir de la cité, de me terrer jusqu'à l'après-midi» a assuré l'un des malfaiteurs.Mohamed Belkout, un récidiviste notoire, a déchiré le coeur de sa maman, une femme de ménage qui n'a pas compris ce qui poussait son chéri à commettre un vol avec de potentiels assassins. D'ailleurs, pour revenir au mot «récidiviste» Maître Lamouri a expliqué au président qu'il y avait confusion: «M.le Président, il a écopé d'une peine de prison ferme certes, mais pas pour vol, ni coups et blessures» dit l'avocat qui avait le plus mauvais rôle, celui d'alléger les poursuites plutôt graves.L'auteur du coup de couteau a argué la poursuite de la victime: «Juste pour l'intimider» murmure-t-il.Maître Benouadah demande au tribunal que leur retour en prison n'arrangerait rien. «Ils n'ont pas prémédité leur coup.» Le doux et compétent avocat ne discute pas les faits. A «6 heures du matin, les jeunes volent, mais ne tuent pas» explique-t-il avant de réclamer les circonstances atténuantes pour son client «qui n'est finalement qu'une autre victime de la société». Le receleur, lui, a juré avoir acquis les objets volés en s'étant entouré de précautions. «Je ne savais pas. Regardez leurs têtes, des voleurs'» éclate le receleur qui sera relaxé contrairement à Belkout et ses compères qui écopent d'une peine extrêmement lourde de cinq ans (le chef), le dernier complice en fuite a lui aussi écopé de la même peine, mais par défaut. Voilà ce qui arrive à des jeunes un certain lundi matin de juin. Le vol a été certes puni, mais il a été aggravé par les coups de couteau donnés gratuitement et qui auraient pu les envoyer pour longtemps et pas en correctionnelle.Nous aurions eu des juges nommés Derrar, Regad, Tayeb Hellali et surtout l'insondable, irrésistible et rigoureux Amar Benkharchi.Les avocats s'y attendaient un peu. Les parents, eux, restent les parents. Ils comprennent mieux que quiconque, mais n'acceptent pas le verdict. Ils ont dix jours devant eux pour faire appel. Devant la chambre correctionnelle, le coup de couteau sera malheureusement toujours évoqué, mais ceci est une autre histoire, car l'article 267 du Code pénal est clair.


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