Les balles et les ballons

Le ciment étant importé, quel est celui de la nation ' Aux dernières nouvelles, ce sont la religion et le football, les deux seuls domaines où les Algériens réagissent, installés volontairement dans la neurasthénie pour tous les autres secteurs de la vie nationale.C'est ainsi que l'on peut marcher pour l'Etat islamique puis danser quelques jours après pour un match de football gagné.Crier son soutien à Daech qui vient de faire exploser l'ambassade algérienne en Libye puis crier «one two three viva l'Algérie» pour les Verts en Guinée équatoriale.Au-delà de cet aspect purement psychiatrique, quelle est alors la différence entre les frères Kouachi et le tandem Brahimi-Feghouli ' Ils sont Franco-Algériens tous les quatre, ont grandi dans le pays de Voltaire, sont de culture musulmane et célèbres.C'est tout. Pour le reste, les deux premiers sont morts en tirant des balles et les deux seconds bien vivants en tirant des ballons. En théorie, chacun aurait d'ailleurs pu prendre la place des autres, comme l'a souligné Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses, qui porte très bien son nom : deux prophètes, le musulman et le chrétien. «C'est un problème franco-français», a-t-il conclu à propos des frères Kouachi et de l'attentat contre Charlie Hebdo.Suivant cette logique, le ministre des Sports devrait déclarer que la victoire de l'équipe algérienne contre l'Afrique du Sud est un problème franco-français puisque la majorité des joueurs sont nés en France et y ont grandi, y compris l'entraîneur. Non, ce n'est pas juste puisque des Algériens d'Algérie sont dans l'équipe, à l'image de Slimani, auteur du troisième but.Mais quel est finalement le point commun entre la religion et le football ' Les deux passionnent les foules ; dans les deux, ce sont les hommes qui dominent et les femmes à la cuisine. D'où cette unanimité. C'est pour cette raison que personne ne connaît les s?urs Kouachi.