Algérie

Les avocats se mettent en grève



L'arrestation, la semaine dernière, de l'avocat Abderaouf Arslane du barreau de Tébessa, a fait réagir la corporation des robes noires.À l'issue d'une réunion de l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa), les bâtonniers ont lancé un appel à un boycott des audiences pour demain lundi à l'échelle nationale en soutien à leur collègue de Tébessa. Dans un communiqué qui a sanctionné une réunion tenue hier au siège de la Cour suprême, l'Unoa révèle que l'accusation selon laquelle l'avocat appartiendrait à "une organisation terroriste" n'était pas "prouvée" et que "même le rapport de l'enquête préliminaire évoque des probabilités et ne donne aucune preuve" d'une accusation formulée par le procureur général de la cour de Tébessa lors d'une conférence de presse.
L'Unoa dit "regretter" que le procureur ait "violé le principe de la présomption d'innocence et le secret de l'instruction" en animant une conférence de presse dans laquelle il accusait Abderaouf Arslane d'appartenance à un groupe terroriste, en l'occurrence Rachad. L'Unoa n'est pas la seule organisation à dénoncer l'arrestation de l'avocat Abderaouf Arslane. Des avocats se sont également élevés contre cette décision du tribunal de Tébessa.
Pour Mokrane Aït-Larbi, la mise en détention d'Abderaouf Arslane est "un prélude à l'arrestation d'autres avocats", notamment ceux qui sont impliqués dans la défense des détenus d'opinion. "L'avocat ne peut pas être emprisonné ou poursuivi en raison de ses propos et déclarations, car cela fait partie de ses fonctions quotidiennes. Si l'avocat outrepasse ses prérogatives légales, il y a un conseil de discipline, et la justice n'a rien à voir là-dedans. Mais aujourd'hui, l'emprisonnement est devenu la règle et la liberté l'exception", a écrit le célèbre avocat.
C'est visiblement cette crainte de subir les foudres de la justice qui a poussé certains avocats à éviter de s'exposer publiquement. "Franchement, le document de l'Unoa est satisfaisant au vu de la situation actuelle", se félicite l'avocate Yamine Alili, du barreau de Tizi Ouzou. La juriste fait référence au fait que beaucoup de barreaux ont cessé de s'impliquer dans la défense des détenus d'opinion et que d'autres "ont peur" d'être arrêtés. "Nous ne sommes plus protégés", a-t-elle insisté. Surtout qu'en plus de cette arrestation, d'autres avocats du Hirak ont été expulsés par les nouveaux bâtonniers récemment installés à la tête de certains barreaux.
Avocat de certains détenus du mouvement populaire, Abderaouf Arslane a été arrêté, la semaine dernière. Il est accusé, dans le même dossier que trois de ses mandants, dans une affaire d'appartenance "présumée" à "un groupe terroriste". Le procureur général près la cour de Tébessa a animé une conférence de presse, largement reprise par les médias officiels, pour accuser l'avocat d'appartenance "à un groupe terroriste" sans attendre le procès.
Le représentant du parquet a tenté d'expliquer que la détention d'Abderaouf Arslane n'avait "rien à voir avec sa fonction d'avocat, nécessaire à notre système judiciaire". Cette détention a suscité une vague d'indignation au sein de la corporation des robes noires qui craignent désormais pour leur liberté. "Nous invitons les confrères à se limiter aux règles du métier et ne pas l'entraîner dans des questions politiques", a appelé l'Unoa.

Ali Boukhlef


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