Algérie

Les avis divergents de la classe politique



La prise en charge de la pandémie du coronavirus par les pouvoirs publics, notamment en cette période de recrudescence des contaminations ayant dépassé le seuil des mille cas journellement, est diversement appréciée par la classe politique, selon que celle-ci émarge dans ce qui fut l'allégeance ou dans l'opposition.M. Kebci - Alger (Le Soir) - La classe politique, dans ses larges pans, reste muette, voire indifférente à la situation sanitaire qu'endure le pays, induite par une explosion, ces derniers temps, des cas de contamination enregistrés journellement, faisant dire à de nombreux observateurs que le pays vient d'amorcer la seconde vague de cette terrible pandémie. Rares, en effet, sont les acteurs politiques qui se prononcent sur cette recrudescence de la pandémie, la majorité d'entre eux observant un silence qui en dit long sur leurs préoccupations majeures.
Ceci dit, au Front de libération nationale, on estime que le pays fait face à une pandémie inédite, d'où les «quelques lacunes» observées dans la lutte contre sa propagation. Pour le chargé à la communication du vieux front du pouvoir, en dépit de la complexité de la situation sanitaire induite par cette pandémie, on considère que les pouvoirs publics ont «su y faire face en prenant, notamment, en considération les conditions sociales des diverses corporations professionnelles et du pouvoir d'achat du citoyen». Mohammed Ammari, qui dit «comprendre» les questions soulevées ici et là après l'explosion, ces derniers jours, des cas de contamination au coronavirus qui ont dépassé le «cap psychologique» des mille cas journellement, dont notamment l'opportunité ou pas de fermeture des établissements scolaires, d'un retour à un confinement total, invite les citoyens à «prendre conscience de la complexité de la situation sanitaire avec le souci des pouvoirs publics de prendre en compte dans leur stratégie de lutte, les conditions de chaque corporation professionnelle et de ne pas paralyser l'activité nationale, notamment dans son volet économique».
«Inconséquence» et gestion «au jour le jour»
Une appréciation qu'on ne partage nullement au Rassemblement pour la culture et la démocratie au sein duquel ont affirmé tout de go qu'il y a eu, dès le départ de la pandémie dans le pays, en février dernier, de «l'inconséquence» dans la gestion de la crise sanitaire qui s'en est suivie. Le chargé à la communication au RCD soutient, en effet, que les pouvoirs publics manquent cruellement de vision, voire de stratégie de lutte contre cette pandémie, il est vrai, inédite. Ce qui a fait que l'on a recouru à une gestion au «jour le jour», estime Athmane Mazouz qui accuse le gouvernement de «ne pas voir venir la seconde vague de la pandémie» «obnubilé» qu'il est, d'en faire une exploitation politique honteuse». Pour le cadre du RCD, cette pandémie a eu le triste mérite de révéler, une fois de plus, il est vrai, la déliquescence de notre système de santé dont les personnels, au premier rang de cette implacable guerre menée à cet «invisible ennemi», sont en train d'en payer le prix fort. Une pandémie qui, soutient encore Mazouz, aura un coût économique, appelant, dans la foulée, à la «solidarité sociale».
Au sujet des appels ici et là à l'effet d'un reconfinement total, le cadre du RCD exprime son «inopportunité», l'essentiel étant «ailleurs», soit, poursuivra-t-il, dans la «disponibilité» des moyens de prévention et de lutte contre la propagation du virus.
La nécessité de «plans d'urgence»
Pour sa part, Ramdhane Youssef Taâzibt estime que «gouverner c'est prévoir». Et au cadre dirigeant du Parti des travailleurs de relever que «huit mois après l'apparition de la pandémie, les carences sont dans tous les domaines». D'abord dans le secteur de la santé «dépourvu des moyens élémentaires de protection des personnels de la santé qui dénoncent dans tous le pays une situation intenable et inacceptable».
Toujours au chapitre sanitaire, notre interlocuteur note que les tests PCR et autres examens sont en nombre insignifiant avec des prix hors de portée de la majorité de la population». Autre secteur clé de l'activité nationale à pâtir considérablement de cette pandémie, celui de l'éducation nationale avec des syndicats qui crient à des «manques flagrants de moyens de protection et de désinfection, et appellent à l'ouverture de nouveaux postes budgétaires». Et à Taâzibt de réclamer des «plans d'urgence» pour chaque domaine et un «budget exceptionnel pour sauver les vies humaines et le pays entier qui est plongé dans un marasme total à cause des mesures de confinement et de l'arrêt d'activité dans plusieurs secteurs».
Sur le plan socioéconomique, le cadre du PT estime que c'est tout simplement «l'hécatombe». «50 000 commerçants ont mis la clé sous le paillasson, des milliers d'entreprises économiques publiques et privées de petites et de grandes tailles risquent la faillite, des centaines de milliers d'emplois perdus et/ou menacés...
La perte d'emplois et de salaires plongent des familles entières dans une misère absolue. Il y a péril en la demeure», fait remarquer, enfin, notre vis-à-vis, qui exprime son refus d'un retour au confinement total qui constitue, comme l'a qualifié son collègue du RCD, de «solution de facilité», insistant, à l'opposé, sur l'impératif de fournir les moyens de protection et de prévention contre la propagation de cette pandémie.
M. K.


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