Algérie

Les aviculteurs dans la tourmente



Les aviculteurs de la wilaya de Bouira sont unanimes à dire que monter un élevage de poulets de chair équivaut, de nos jours, à jouer une partie de poker, tant les aléas entourant cette activité sont devenus nombreux et imprévisibles. Il y a quelques semaines seulement, une bande de 5000 sujets élevés dans des conditions adéquates pouvait générer, au bas mot, un million de dinars de bénéfice net. Aujourd'hui, la même bande ne rapporterait que des miettes. Et si par malheur l'aviculteur enregistrait un taux de mortalité élevé ou un retard dans la croissance, les pertes se chiffreraient à des dizaines de millions. C'est dire dans quelles conditions travaillent les aviculteurs qui, contre vents et marées, continuent pourtant à se lever tôt pour que le poulet, rôti ou en sauce, garnirait toujours la table de l'Algérien. Cela dit, les professionnels du poulet de chair se posent des questions et ils sont dans leur droit. La première et pas des moindres concerne le fichier des aviculteurs. Si pratiquement dans toutes les autres activités tout le monde sait qui fait quoi et comment, force est de constater qu'on vient dans l'aviculture comme on entre dans un moulin. Il suffit, en effet, à quiconque de disposer de moyens financiers, d'un local ressemblant vaguement à un poulailler et d'aller passer commande en poussins et en aliments pour que le tour soit joué.C'est cette « fawdha » (désorganisation) dans la filière et bien d'autres aberrations qui ont transformé des fonctionnaires en fellahs et poussé les professionnels à changer carrément de métier, avec tous les quiproquos que cela induit. L'autre question qui taraude l'esprit des aviculteurs est la suivante : jusqu'à quand continuera-t-on à attribuer des dizaines d'hectares à de vieux faux fellahs qui les laisseront à l'abandon, ou les loueront, après une expérience malheureuse. Les mêmes aviculteurs n'en veulent pour preuve que le cas du lieudit Ghabet cheikh, à 5 km au nord-ouest de Lakhdaria où, en lieu et place de la richesse et des emplois, les bénéficiaires, excepté un ou deux, n'ont créé que de la zizanie et des conflits sociaux à répétition. Ils ne sont pas du métier, pardi ! Et dire qu'au même moment, des jeunes hommes, forts comme nos amis Turcs, ne demandent qu'à relever le défi, celui de transformer les terres montagneuses ou abandonnées en exploitations agricoles dignes de ce nom. Décidemment, l'agriculture est comme la presse indépendante : tout le monde reconnaît son importance, mais personne ne fait rien pour la sortir de son sous-développement chronique.


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