Algérie

Les autorités interpellées sur un phénomène immoral


Des combats de moutons à 5 millions la mise Ils coûtent jusqu’à 35 ou 40 millions de centimes. Ils s’appellent Rambo, Rocky, Ben Laden ou Tarzan. Ce sont des moutons pas comme les autres et qui reviennent à chaque Aïd El-Adha pour être destinés à des combats au cours desquels des parieurs misent souvent des sommes très élevées. Dans les banlieues des grandes villes, qu’il s’agisse de la capitale, d’Oran, de Constantine, de Batna ou de Djelfa, le phénomène tend à devenir de plus en plus courant et revient cycliquement, comme une «mode» qui s’installe à l’approche de chaque Aïd El-Adha, pourtant jour de foi et de recueillement. Des combats de moutons sont organisés aux alentours des marchés à bestiaux, ou ailleurs, par les propriétaires de ces bêtes, avec pour enjeu des sommes qui se chiffrent par dizaines de milliers de dinars, atteignant même, voire dépassant, les 5 millions de centimes. Les moutons sont généralement de grand gabarit, cornus et portant même des noms réputés tels Rambo, Rocky, Ben Laden, Tarzan, Saci, Etoo, Zenzla, Debza, Hitler, etc. Depuis quelques années, ce qui n’était qu’une distraction, (si on peut appeler les choses ainsi, tant il n’est en réalité question que de maltraitance d’animaux), qui se pratiquait entre voisins de quartier, entre adolescents fiers d’exhiber la bête à cornes, est devenue un business qui fait vivre certains. Et même confortablement. Dans l’un des quartiers des hauteurs d’Alger, il arrive souvent au propriétaire de Rambo d’exhiber fièrement son animal aux dimensions hors catégorie et surtout aux cornes d’une longueur remarquable, élément nécessaire au duel mais aussi au spectacle. Car notre homme est connu, réputé et suivi dans ses déplacements dans les communes voisines par les gens du quartier qui suivent de près ces combats de moutons. C’est pour ainsi dire un professionnel qui cote son mouton à pas moins de 45 millions de centimes, encore faudrait-il qu’il soit près de s’en séparer. Car non seulement la bête a coûté beaucoup en soins et en nourriture, mais surtout elle rapporte beaucoup. Selon des témoignages rapportés par des habitants du quartier, puisque notre homme est resté introuvable en ces jours de «grandes compétitions», les gains qui sont récoltés peuvent atteindre jusqu’à 10 millions de centimes par jour. Les pertes aussi. Les combats n’ont pas lieu tous les jours ni n’importe où car les propriétaires de ces bêtes d’arènes n’aiment pas trop afficher le côté lucratif de leur activité. L’on croit cependant savoir que les affrontements sont organisés en rase campagne, non loin des lieux où des cheptels existent déjà, pour ne pas se faire trop remarquer, mais aussi qu’ils sont organisés à une cadence qui ne dépasse pas une ou deux fois par mois. On organise même des combats revanches et, plus rarement paraît-il, des tournois. Par ailleurs, selon nos sources, les duels ont toujours lieu devant témoins afin d’éviter que le combat entre moutons ne se transforme en bagarre entre propriétaires. Les moutons vainqueurs sont adulés et leur cote en hausse. Ceux qui perdent, entendre par-là qu’ils arrivent à perdre équilibre et conscience et tombent par terre, étourdis, ils devront avoir la chance de ne pas s’être blessés. Dans ce cas, leur avenir ne dépassera pas les quelques jours car ils seront sacrifiés, certains propriétaires n’hésitant pas à leur prodiguer des soins pour être revendus et égorgés le jour de l’Aïd. C’est d’ailleurs ce qui explique l’ampleur que prend le phénomène à l’approche de ce jour de fête. Si le degré de propagation atteint par l’organisation des combats de moutons n’est pas connu avec précision, il convient de signaler que, depuis quelques années, circule des CD-Rom amateurs dans lesquels sont visionnés des combats. Cette année, le phénomène est passé à une autre dimension: les combats sont filmés sur caméscope et «balancés» sur le site Internet Youtube. On ne peut dire en effet qu’il s’agit-là d’une simple activité amusante ou tolérable, d’autant que cela n’est accepté ni par la morale religieuse ni par la morale tout court, sachant pertinemment que ce phénomène reflète deux tares d’une certaine catégorie de la population, c’est-à-dire le goût de la violence et la cupidité. Il serait temps, par exemple, que les autorités, à l’image du ministère des Affaires religieuses et du ministère de l’Intérieur pour ce qui est des services de l’ordre, ou celui de l’Agriculture pour ce qui relève de la détention de certains animaux, interviennent et mettent fin à ce type de comportements qui ont lieu, parfois, en présence d’enfants qui pensent qu’il ne s’agit-là que d’un amusement d’adultes. Amine B.
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