Réguler le marché
des fruits et légumes ainsi que celui des viandes rouges et blanches, est
devenu un vrai casse-tête pour les ministères de l'Agriculture et du Commerce. Si
la disponibilité est assurée, les prix, eux, ne semblent obéir à aucun critère,
hormis celui du bon vouloir des commerçants. Les pouvoirs publics peinent
toujours à trouver la bonne formule pour réguler les marchés.
Dans un marché de
gros et de détail, où la part de l'informel est importante, les consommateurs
sont les moins armés. Les commerçants, eux, pratiquent des prix à la logique
économique mystérieuse. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural
en collaboration avec le ministère du Commerce tente pourtant depuis plusieurs
années de «réguler» le marché en y introduisant des mécanismes censés entraver
l'ardeur haussière des commerçants. C'est le cas notamment de la pomme de terre,
l'un des produits les plus consommés par les ménages algériens et objet d'une
attention «très politique» du gouvernement. Mais si cette attention permet
d'assurer une disponibilité, la réussite n'est pas vraiment au rendez-vous en
matière de prix. Pour faire face aux pénuries de produits, le ministère de
l'Agriculture a mis en place depuis plusieurs années le système de régulation
des produits agricoles de large consommation (SYRPALAC). Ce système a été mis
en place par le biais de la société de gestion des participations des
productions animales (SGP PRODA). Son objectif consiste à éponger les surplus
de production et à mettre sur le marché des quantités stockées pour à la fois
protéger les revenus des agriculteurs et le pouvoir d'achat des consommateurs. Le
ministère de l'Agriculture a fixé un prix de référence de 20 DA, majoré d'une
prime de qualité de 02 DA pour chaque kilogramme de pomme de terre produit en
surplus par les producteurs. Un comité interprofessionnel de la pomme de terre,
regroupant l'ensemble des acteurs de la filière, a été par ailleurs installé
pour insuffler une nouvelle synergie dans la concertation et la prise de décision.
L'idée était de faire en sorte que le producteur ne pense plus à écouler sa
marchandise mais à produire le plus possible pour inonder le marché et faire
baisser du coup le prix de la pomme de terre qui a atteint il y a deux années
quelque 120 DA.
UN BILAN MITIGE
Grâce à ce
mécanisme, la filière pomme de terre est marquée ces dernières années par un
accroissement notable de la production qui atteint en 2011 3,8 millions de
tonnes contre 3,2 millions en 2010 et 2,67 millions de tonnes en 2009. L'épisode
où les Algériens ont dû recourir à la pomme de terre importée du Canada –
parfois à la qualité douteuse – semble bien révolu. De ce point de vue, le
département de Rachid Benaïssa a atteint son objectif.
La disponibilité de la pomme de terre ne se dément pas grâce aux stocks acquis
auprès des producteurs. Pour ce qui est des prix, la réussite est beaucoup
moins probante. Cédée aux grossistes entre 10 et 20 DA, la pomme de terre est
rarement arrivée au consommateur à un prix inférieur à 45 DA. Interrogés, des
responsables au ministère de l'Agriculture sont incapables de l'expliquer. Certains
pointent cependant du doigt les services du ministère du Commerce qui ferment
les yeux sur certaines pratiques de peur de créer le désordre dans la rue… à
partir des marchés. La filière viande rouge et blanche connaît la même
situation. La viande rouge, en dépit d'un cheptel estimé à 22 millions de têtes
d'ovins, continue d'être chère. Il en est de même pour le poulet de chair.
LES MYSTERES DU
MARCHE ALGERIEN
Pour développer la
filière de la viande blanche les autorités ont concédé des facilitations, jugés
parfois déconcertantes, en mettant en place des financements à travers le
crédit «RFIG», un crédit sans intérêt initialement conçu pour les
céréaliculteurs qui a été élargi à d'autres filières agricoles. A l'instar de
la pomme de terre le SYRPALAC (système de régulation des produits agricoles de
large consommation) a été étendu à l'aviculture, en procédant à l'achat, par le
biais des abattoirs publics et privés, de la surproduction de volaille, au prix
de référence de 150 DA hors taxe le Kg dans le but de constituer un stock de
régulation. Des milliards de DA sont par ailleurs investis dans la construction
d'entrepôts frigorifiques. Sans incidence sur le prix du poulet qui suit la
même tendance que la viande rouge. Cela fait partie des «mystères» du marché
algérien.
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Posté Le : 24/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zoubir Merabet
Source : www.lequotidien-oran.com