«Nous ne comprenons pas pourquoi les journalistes s'acharnent-ils à faire
croire que nous ne sommes pas reçus par le chef de l'Etat pour des séances
d'audition ?»
C'est la question que s'est posé un ministre en réaction à des articles de
presse affirmant que le président de la République ne reçoit pas «physiquement»
les ministres, mais que ces derniers se contentent de déposer leur rapport au
secrétariat de la présidence qui se charge, lui, de rédiger le communiqué
portant instructions du président. «Faux !» dit le ministre qui donne des
précisions sur le déroulement des séances d'audition. Conforté dans ses propos
par d'autres ministres présents à cette rencontre amicale, notre interlocuteur
nous explique que «lorsqu'un ministre est convoqué pour être auditionné par le
président de la République, il doit se présenter avec en main le rapport
consignant tout ce qui a été réalisé durant l'année écoulée, dans le secteur
qu'il dirige.» Il notera que «non seulement le ministre est reçu par le chef de
l'Etat en personne mais à la séance d'audition, participent d'autres ministres
dont le secteur est en interaction avec le secteur examiné. Toutes les séances
d'audition se déroulent en présence du Premier ministre et du ministre de
l'Intérieur et des Collectivités locales qui, nous dit-on «comme son nom
l'indique, (il) gère les affaires intérieures et locales du pays, son ministère
collabore avec l'ensemble des secteurs d'activités, il est donc tenu d'assister
à toutes les auditions.»
L'on souligne que jusque-là, la plus longue séance d'audition a été celle
de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. «Elle a duré de 10h 30 à 20h 15,»
nous dit un ministre. Un autre enchaîne «il y a eu un grand débat autour du
secteur, des ministres conviés à cette audition ont posé des questions, le tout
s'est achevé après l'heure de la rupture du jeûne.»
Les présents ont eu droit, selon lui, à un peu de lait et de dattes pour
rompre le jeûne. Et, ajoute-t-il «contrairement à ce qui est rapporté dans les
journaux, le ministre auditionné expose les grands axes de son rapport au
président qui lui pose beaucoup de questions et fait un tour de table pour
permettre aux autres ministres présents de poser des questions à leur collègue
et de débattre de tout ce qui est lié au secteur examiné.» Nos interlocuteurs
ne manquent pas de faire remarquer que «le président prend tout son temps pour
décider de la fin d'une audition.» L'on dit que lors de l'audition de la
ministre de la Culture «il était imperturbable, il ne manifestait aucun signe
de fatigue ni d'énervement.» Il est clair que les débats engagés sur les
secteurs sont d'ordre technique. «L'on demande au ministre auditionné si les
projets engagés sont achevés dans les temps requis, si les moyens financiers
alloués ont suffi à ce qui a été programmé comme réalisations, qu'elles en ont
été les contraintes, enfin, tout ce qui est supposé relever de la gestion
technique des secteurs d'activités.» Il n'est donc pas question de «revoir» le
mode de gouvernance régissant les secteurs.
L'on affirme cependant, que «le président de la République a eu à
plusieurs reprises à remettre en place des ministres, à leur faire des
remarques désobligeantes, à leur reprocher de ne pas faire vite et bien dans la
réalisation des programmes.» Aucun des ministres rencontrés ne s'est prononcé
sur le fait que Bouteflika n'a, à aucun moment abordé les scandales qui ont
entachés un certain nombre d'activités. L'on glisse à qui veut l'entendre que
«les scandales dont la presse a fait état, sont tous entre les mains de la
justice, diligence de l'enquête oblige, personne n'a le droit de se prononcer
sur ce sujet avant que ne soit rendu le verdict.»
Il semble que le premier magistrat du pays -si l'on en croit certaines sources-
«ne veuille pas montrer aux membres du gouvernement «ou à qui que ce soit
d'autre» que les scandales «jetés» à l'opinion publique «sans son aval, bien
sûr, comme celui de Sonatrach» ne l'inquiètent pas outre mesure. «Dans pareils
cas, il a toujours eu beaucoup de sang-froid. Il ne réagit pas avec fracas. Il
a ses méthodes…»: disent ceux qui le connaissent. Les uns dans les autres, ces
propos cachent mal une intention de placer, «et les nombreux scandales qui ont
éclaté et la manière dont ils ont été rendus publics et les objectifs visés à
travers la trame de ce schéma…,» dans un contexte politique appelé à être
soumis à des redressements, des recentrages ou des changements que seul le
président de la République en connaît la nature, la nécessité ainsi que
l'opportunité.
Le remaniement du gouvernement qu'il a entrepris, le 27 mai dernier,
pourrait en porter des signes révélateurs. Les nouvelles et tristes évolutions
de la gestion du dossier des disparus pourraient en être d'autres. Dossier qui,
faut-il le rappeler, a lourdement pesé dans la décision du chef de l'Etat, de
décréter en 2006, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 30/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com