Algérie

Les attentes d'un changement



Les attentes d'un changement
Le lifting est une opération nécessaire et suffisante pour créer l'illusion que, «dorénavant, ce ne sera plus comme d'habitude».«Il faut tout changer pour que rien ne change» écrivait l'auteur du Guépard, le prince de Lampedusa, Giuseppe Tomasi. Depuis la nuit des temps, l'aspiration au changement a toujours été une des pulsions fondamentales de l'être humain. Mais avec le développement des sociétés et surtout le poids grandissant de l'Homo politicus, la nature du phénomène, autant que sa dimension, ont subi une mutation, de sorte que le changement en question est devenu une technique permanente et habile du recyclage du passé.Il en va ainsi de toute méthode de gouvernance, le lifting est une opération nécessaire et suffisante pour donner l'illusion que «dorénavant, ce ne sera plus comme d'habitude». Et pourtant, la mécanique ondulatoire du changement agit de telle manière que le commun des mortels prenne la vessie pour une lanterne et le changement superficiel pour un changement en profondeur.La question se pose, avec le départ de certains P-DG et DG des entreprises vedettes ayant abondamment défrayé la chronique, depuis ces dernières années et leur remplacement par de nouveaux venus, pas si nouveaux que cela, d'ailleurs puisqu'ils bénéficient du principe des chaises musicales, passant de leur entreprise antérieure aux nouvelles.On dit volontiers que l'hirondelle ne fait pas le printemps. Mais n'est-il pas nécessaire et suffisant qu'elle le préfigure, annonçant par sa venue des lendemains fleuris' Tel est le sens premier des nominations qui viennent d'être annoncées, ouvrant la porte à de multiples supputations et autres interrogations sur les causes et sur les effets de mesures en fin de compte ordinaires et banales.Sauf que, peut-être, la banalité n'est pas spécifique à toutes les entreprises car Sonatrach et Air Algérie sont deux mondes à part. Verrouillées au profit d'une caste habituée à la technique éprouvée de «dis-moi qui tu es, je te dirai quand te prendre», ces deux entreprises ont fini par devenir une sorte d'îlots de villégiature réservés aux bienheureux collatéraux des dirigeants les plus anciens dans les grades les plus élevés.Mais la Sonatrach ne peut faire l'impasse sur le volet technique et c'est pourquoi il lui faut, bon an mal an, une certaine régénérescence, ce qui n'est pas le cas d'Air Algérie dont on sait que les 9000 employés constituent une charge doublement pénalisante par rapport à ses capacités matérielles et financières.Aucun DG de cette entreprise, quelle que soit sa bonne volonté, ne pourra remettre en cause l'organisation et les méthodes de recrutement, de nomination et de promotion qui y prévalent, sans compter celles des attributions de portefeuilles à l'étranger pour de prétendues représentations qui n'ont qu'un rôle strictement commercial et encore! On sait les empoignades qui accompagnent ces attributions et certains pamphlets du Ccta ont fini, ces temps derniers, par rendre le pot aux roses accessible au grand public.Comment tailler dans le vif, comment donner un grand coup de pied dans la fourmilière, comment moraliser des domaines d'activité aussi gangrenés par le népotisme, le clanisme, les privilèges indus et autres maux devenus des droits' Hercule aura été chanceux de n'avoir eu à nettoyer que les écuries d'Augias car, pour ce qui est de l'assainissement et de la moralisation des entreprises nationales, il est vrai, tributaires de la société dans laquelle elles activent, il y a beaucoup de défis que seuls des cadres audacieux seraient tentés de relever. Mais encore faut-il qu'on leur en laisse l'opportunité...




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