Les atouts gaziers mis sur le tapis

Alger veut-elle revoir son association avec l’UE ? L’ouverture du marché aux investissements étrangers en Algérie peine à prendre de l’ampleur: les quelques projets inscrits hors hydrocarbures se comptent sur le bout des doigts et ne sont pas de nature à favoriser un dialogue sérieux entre les deux parties. Les autorités algériennes qui veulent attirer plus d’investissements venant de la zone euro, misent beaucoup sur les atouts dans le gaz pour revoir l’association avec l’UE. En renégociant l’accord gazier en vigueur, qui prévoit l’ouverture totale de ses frontières aux produits européens à l’horizon 2017, l’Algérie entend bien signifier aux Européens son intention d’aller plus loin dans le partenariat. L’autre partenariat stratégique signé entre le géant russe Gazprom et Sonatrach devrait accroître la dépendance énergétique de l’Europe envers la Russie et l’Algérie. Le gouvernement algérien veut ainsi pérenniser une part de 15 à 16% des importations françaises. Par exemple, Gaz de France qui veut renforcer sa présence en Algérie compte en effet investir près d’un milliard de dollars pour le développement du gisement gazier de Touat dans le Sud. «Nous sommes prêts à investir un milliard de dollars, soit 75% du coût de développement du gisement gazier de Touat. Nous y travaillons depuis 2002 et nous sommes à la fin de la phase d’exploration sur ce projet», a expliqué le délégué aux activités GNL du groupe Gaz de France, Didier Holleaux. Ce groupe gazier a décidé d’investir à hauteur de 12% dans le capital du Medgaz, le gazoduc qui reliera directement, à partir de 2009, l’Algérie à l’Espagne. La réalisation du Medgaz est estimée à 650 millions de dollars. Le groupe gazier français discute avec la Sonatrach sur d’autres projets de partenariat pour la commercialisation du gaz en France et aux Etats-Unis. Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, qui effectue en ce moment sa deuxième visite en France en l’espace d’un mois pour assister à un séminaire sur la promotion des investissements français en Algérie, organisé à l’initiative du ministre français des Affaires étrangères, est accompagné d’une importante délégation algérienne. La rencontre avec les industriels français de l’automobile Peugeot et Renault devrait se concrétiser par des nouvelles initiatives dans le secteur. La visite du ministre entrait dans le cadre d’une campagne de présentation des entreprises éligibles à la privatisation que le ministre avait entamée en France, en Italie, en Espagne et en Pologne et avait pour objectif d’expliquer aux interlocuteurs européens la récente décision des autorités politiques qui ont décidé de sauvegarder le tissu industriel.Les autorités algériennes avaient avancé l’idée selon laquelle la productivité industrielle demeurant extrêmement faible, sa consolidation et sa sauvegarde lui permettront d’aller à la rencontre du marché européen, dans les « meilleures conditions «. Le gouvernement avait décidé de mettre en place une stratégie industrielle qui va fixer les secteurs prioritaires pour les investissements étrangers directs (IDE) et pour l’investissement national. Le séminaire s’inscrit dans la continuité des efforts faits par les gouvernements des deux pays afin de développer la coopération bilatérale, a expliqué le chef de la diplomatie française qui a ajouté que « l’économie algérienne affiche une santé insolente». Pour sa part, Temmar avait répondu que l’Algérie est «déterminée à aller de l’avant du mieux possible et qu’il n’y a aucune raison que nous n’arrivions pas à des relations plus approfondies». Des hommes d’affaires français et algériens ont parlé de l’investissement en Algérie et de son environnement. Les participants ont décidé de créer des «comités d’opérateurs» chargés de passer à des «choses concrètes» dans les deux à trois années à venir. Les actions vont porter d’abord sur les secteurs de l’automobile, un marché de 160.000 véhicules/an, de la pharmacie et de l’industrie agroalimentaire. D’autres visites similaires sont programmées en Italie, en Espagne et en Allemagne dans l’agenda de Hamid Temmar.