Algérie

Les assureurs face à l'absence d'une bourse



Le développement de prestations de retraites par capitalisation est tributaire de l'émergence d'un véritable marché boursier.n Les produits d'assurances par capitalisation peuvent-ils être développés en Algérie en complément au système traditionnel des retraites par répartition, dont la viabilité est de plus en plus vulnérable ' Plus que les entraves réglementaires et objectives qui pourraient être sinon levées, du moins assouplies par les pouvoirs publics, l'absence d'un marché financier efficient, avec surtout une place boursière active, compromet toute perspective d'un développement à court terme d'un marché compétitif d'assurances et retraites par capitalisation. Pourtant, plus d'une décennie en arrière et bien avant le passage du secteur à une logique de spécialisation en séparant "assurances dommages" et "assurances de personnes" afin de développer ces dernières, des assureurs, à l'instar de la SAA et de la CAAR, avaient effectivement tenté de proposer des produits d'épargne et retraite, sans jamais aboutir à en assurer la commercialisation. Outre l'effet d'éviction que fait peser le système national de retraite par répartition qui, malgré sa fragilité financière structurelle, offre un niveau de couverture très élevé, le développement de produits de capitalisation se heurte à de nombreuses contraintes d'ordre réglementaire, mais aussi et surtout à l'absence d'offre suffisante de placements financiers à même d'en garantir une rentabilité. Les produits de retraites par capitalisation, à proprement parler, "n'existent pas en Algérie, car il y a absence d'un marché financier et boursier dynamique et donc d'organismes de placements collectifs pour permettre leur développement", nous explique en ce sens le P-DG de la compagnie privée, Alliance Assurances, Hassen Khelifati. Selon lui, dans l'état actuel des choses, la mise en place de produits de retraites complémentaires et de capitalisation par les assureurs est pratiquement irréalisable, eu égard à l'impossibilité d'en garantir un rendement suffisant pour pouvoir offrir à terme une rente captivante aux assurés. Pour ces derniers, précise-t-il, "il s'agirait dans la pratique de souscrire à l'âge de 40 ans par exemple des contrats de capitalisation en versant des primes d'assurances annuelles pour accéder, une fois atteint l'âge de la retraite, à une pension complémentaire suffisante. Or, dans le contexte actuel, l'assureur ne peut garantir un tel engagement, car ne disposant pas de possibilités de placements rentables pour faire fructifier cette épargne sur 15 ou 20 ans dans les conditions actuelles de taux d'intérêts et d'inflation. Les compagnies d'assurances, rappelle à ce propos Hassen Khelifati, sont tenues par la réglementation en vigueur et en guise de garantie, de placer jusqu'à 75% de leurs portefeuilles d'engagements dans les bons de Trésor et autres valeurs d'Etat, dont les taux de rendement sont de l'ordre de 2% à 2,5%, soit des taux négatifs rapportés à l'inflation qui se situe en moyenne à plus de 4%. Aussi, indique notre interlocuteur, face à l'absence de mesures d'assouplissement de ces contraintes, il y a impossibilité dans de telles conditions de lancer des produits d'assurances de retraites par capitalisation pouvant être réellement rentables et garantis sur les moyen et long termes. Et de toutes les façons, conclut le patron d'Alliance Assurances, pour parvenir réellement à favoriser le développement de produits spécifiques d'assurances-retraites, il faut sortir des simples logiques des mesures d'urgence et engager une réforme concrète sur deux à trois ans pour améliorer l'offre de placements et libéraliser l'activité du marché financier. Un point de vue que défend également Mounir Ghernouti, directeur de Caarama Assurance, filiale spécialisée dans les assurances de personnes au sein de la compagnie publique CAAR. "Nous avons mis en place un produit de retraite complémentaire par capitalisation, mais nous n'avons pas pu le commercialiser", nous confie-t-il ainsi, en expliquant que ce genre de couvertures d'assurance ne sont pas suffisamment attrayants pour les assurables, en raison de certaines contraintes réglementaires, dont surtout les conditions de placement en valeurs du Trésor qui n'offrent pas de rendements suffisants. Selon lui, le développement de produits de retraites par capitalisation passe nécessairement par l'émergence d'un marché des capitaux plus dynamique et d'une offre moins restreinte en produits et placements financiers.

Akli Rezouali


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