À quoi cela sert-il d'avoir une association de protection des droits des consommateurs lorsqu'elle est incapable de fédérer les énergies et demobiliser suffisamment de ressources pour peser sur un marché, surtout lorsque celui-ci devient l'une des principales sources d'angoisse des citoyens ' Avec les multiples hausses des prix des produits de large consommation enregistrées ces dernières années (contre un raffermissement du pouvoir d'achat très insignifiant), l'anarchie qui continue de marquer les marchés, le pouvoir plus que jamais établi des spéculateurs et l'impuissance des pouvoirs publics, tous ces facteurs considérés à leur juste mesure, le consommateur algérien se retrouve livré pieds et poings liés face à toutes les rapacités.Associations alibis 'Et il n'est plus besoin, désormais, d'attendre le mois de Ramadhan et les périodes de fêtes pour mesurer l'étendue de l'inanité des associations de protection des consommateurs qui, au demeurant, n'ont jamais eu un quelconque impact sur les pratiques commerciales du pays. À croire que leur existence répond au seul souci de donner l'illusion de la présence d'un contre-pouvoir au sein de la société civile : leurs voix, quand elles se font entendre, sont plus promptes à tancer le consommateur qui «doit apprendre à mieux acheter» plutôt qu'à fustiger l'Etat régulateur -dont l'une des missions premières reste, malgré tout, la protection des citoyens- qui laisse les spéculateurs agir à leur guise et disposer des consommateurs fragilisés par un maigre pouvoir d'achat. «De toutes les manières, les associations n'ont généralement aucune influence réelle en Algérie, explique un proche des cercles associatifs oranais. C'est l'Etat et uniquement lui qui a le pouvoir de décision même si ses représentants soulignent très souvent le rôle essentiel du mouvementassociatif.»Consommateurs abandonnésIndifférent à des considérations qui ne l'ont jamais réellement interpellé, leconsommateur qui, lui, s'efforce de garder la tête hors de l'eau, ne constate qu'une seule chose : il est abandonné par tous et de tous les côtés. «Qui a tort et qui a raison ' On s'en moque, assène-t-on à Oran avec beaucoup de résignation. Le fait est que chacun essaie de tirer la couverture de son côté, et toujours au détriment du pauvre citoyen.» Il est vrai que les détaillants, les grossistes, les mandataires, les producteurs et les importateurs serenvoient allègrement la responsabilité de cette monstrueuse anarchie que les différents ministres du Commerce ont indécemment attribuée à l'économie de marché que l'Algérie a «adoptée», et au train où vont les choses, la situation risque de durer longtemps. Ce qui maintient les consommateurs dans l'angoisse des lendemains incertains, eux qui restent persuadés que la raison du plus fort est toujours la meilleure. «En l'absence d'une véritable association,puissante et dévouée au service du consommateur, qui jouera le contre-pouvoir comme c'est le cas dans les sociétés modernes, les choses resteront en l'état»,rappelle un spécialiste en économie de l'université d'Oran en ajoutant que la «balle est dans le camp de la société civile. À elle de s'organiser pour amener les autres acteurs à jouer leur rôle».S. O. A.
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Posté Le : 18/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Ould Ali
Source : www.latribune-online.com