Genèse et affirmation (2ème partie) L’école de peinture bélabésienne des années soixante A l’indépendance, une nouvelle page de l’histoire de notre jeune peinture s’ouvre. Il faut noter que le public qui s’intéressait aux arts plastiques n’était pas nombreux, à la différence du théâtre et de la musique qui connurent un engouement populaire, en drainant les grandes foules durant les fêtes d’indépendance. Aussi, il est naturel que les peintres se devaient de prendre leur revanche et rattraper le retard en faisant découvrir les charmes de leur art au peuple, en le mettant à sa portée culturellement et émotionnellement. Nous retenons dans ce sens des initiatives historiques pour avoir été les premières, d’abord celle du comité pour «l’Algérie nouvelle» dont les peintres initiateurs ont organisé la première exposition collective de peinture en 1963, avec Baya, Issiakhem, Khadda, Louaïl, Sahouli, Samson, et Zerarti. Puis celle d’un autre groupe d’artistes qui a créé «La galerie 54»: ce groupe organisa sept expositions qui eurent beaucoup de succès. Les peintres ayant participé sont: Allalouche, Zmirli, Ali-khodja, Yelles, Baya, Fildjani, Sahouli, Samson, Zerarti, Temmam, Abdoun, Khadda, Issiakhem, Louaïl, Mesli, Martinez et Ranem. Ces peintres œuvrèrent, entre autres, à la création de l’Union nationale des artistes peintres (UNAP) en 1964. On y retrouvait les anciens tels Temmam ou Zmirli, et les moins anciens tels Yelles ou Khadda. La grande question qu’ils se posaient alors était «Quel Art pour l’Algérie?», continuer dans la tradition occidentale, comme si le peuple a toujours été au fait de ce qui se fait en Europe, ou bien, penser et organiser l’art autrement. Tous se mirent d’accord pour promouvoir «un Art populaire» dont le but ultime était la communion avec l’ouvrier et le paysan, conformément à la tradition socialiste de l’époque. Mais les divergences les divisent déjà en deux groupes. L’un se voulant totalement libre dans son inspiration, refusera de se conformer au moule préétabli par des instances extra-artistiques. L’autre groupe se scinda encore en deux approches différentes de cet art populaire, et opposera deux concepts distincts: les uns veulent traduire les souffrances du peuples algérien durant la lutte de libération de manière réaliste, et se nommeront «Groupe d’avant-garde» avec Farès comme chef de file. Les autres se nommeront «les Aouchems» avec Mesli, Martinez, Adane et Abdoun et se distingueront par une démarche esthétique s’appuyant sur les signes et les tatouages berbères. Ces clivages entraîneront, comme le constatait Khadda, «des contradictions, des heurts et des controverses plus ou moins violents». Ainsi, c’est dans ce climat de lutte pour la représentativité chez nos aînés que douze jeunes lycéens, âgés entre 16 et 17 ans, débarquèrent à Alger avec leurs tableaux, venant de Sidi Bel-Abbès. Ils exposèrent leurs œuvres en avril 1965 à la prestigieuse salle Ibn Khaldoun. C’était les vacances de printemps. Cela a été possible grâce à un maître espagnol, Carlos Alberto, qui était leur professeur de dessin et de peinture, c’était un maître génial, mort en France méconnu, mais tout de même consacré par ses pairs, à la fin de sa vie, lauréat du Grand Prix de Rome. Mais, c’est aussi grâce à l’abnégation et au patriotisme de deux proviseurs qui se sont succédé. D’abord l’homme de culture, Abdelkader Azza, puis Benyekhlef qui ont soutenu le professeur matériellement dans la préparation de l’exposition, et ont permis aux jeunes talents bélabésiens de sortir de l’espace scolaire pour aller s’imposer dans l’espace culturel algérois. Imprégnés par la technique et le style du maître, leurs tableaux étaient tous figuratifs. C’était comme un chant innocent dédié à l’art pur. A suivre... Sid Ahmed Hamdad
Posté Le : 12/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com