Algérie

Les artistes ont-ils perdu leur langue '



Les artistes ont-ils perdu leur langue '
Sitôt la candidature de Bouteflika annoncée, des mouvements culturels citoyens se sont constitués pour dénoncer le mandat de trop. «Nous avions une motivation et une rage absolues, parce que pour nous il n'était pas question que Bouteflika puisse revenir à la charge avec son gouvernement d'incompétents.Surtout Khalida Toumi qui a fait beaucoup de mal à la culture algérienne», décrie un activiste culturel ayant participé aux manifestations du mouvement Barakat à Alger et aussi à plusieurs mouvements de contestation dans les autres wilayas. «Le secteur culturel n'a jamais été porteur de leaders, les artistes étaient en conflit permanent avec le ministère et la gestion catastrophique de Khalida Toumi», dit-il. Si les timides mouvements culturels peinaient à avoir une visibilité, certains artistes ont rapidement soutenu le 4e mandat de Bouteflika. Le plus parfait exemple est le clip enregistré par une soixantaine d'artistes algériens pour chanter Bouteflika. Plusieurs artistes y ont pris part comme Cheb Khaled, Smaïn, Kenza Farah, le rappeur Azzou Hoodkiller, l'ancien boxeur Farid Khider et la liste est longue. Contactés par téléphone, plusieurs n'ont pas voulu s'exprimer sur la question. L'un deux, acteur, avoue que la diffusion du clip lui a causé beaucoup de problèmes. «Je suis fatigué de cette histoire», confie-t-il. Après la publication de la vidéo, plusieurs d'entre eux ont affirmé avoir été victimes d'un coup monté. L'humoriste Smaïn a indiqué qu'il ignorait que le clip allait être utilisé à des fins électorales. Kenza Farah a également expliqué, précédemment à El Watan qu'elle pensait être «invitée à participer à un clip pour l'Algérie, présenté comme un We Are the World made in Algeria». C'était aussi le cas de l'ancien boxeur Farid Khider, qui a affirmé au journal français, Le Parisien «ignorer que la chanson était pro-Bouteflika». Le rappeur Azzou Hoodkiller s'est récemment indigné suite à l'emprisonnement de son frère à Annaba. «L'Etat m'a abandonné», a-t-il déclaré sur sa chaîne Youtube. La contestation des mouvements culturels est vite retombée après l'élection. «Tant que la culture en Algérie ne se sépare pas du régime, elle ne pourra pas être indépendante dans ses actions. Les artistes algériens sont prisonniers du système. La seule possibilité reste encore de quitter le pays pour faire de l'art contestataire. Sans plus», regrette Nadéra Belami, écrivaine et journaliste.




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