Les artistes et auteurs algériens vivant en France étaient parmi les pionniers à reprendre les activités culturelles l'été dernier. Mais le rebond spectaculaire de la Covid-19 a contraint l'annulation de divers événements, notamment une table ronde sur l'?uvre de Kateb Yacine.Au lendemain du déconfinement qui avait suivi une période particulièrement difficile pour la population et l'économie, tout le monde avait espéré le retour à une vie normale, comme en témoigne l'euphorie vécue l'été dernier en France et partout en Europe, avec la réouverture des cinémas, des salles de spectacles, des théâtres, des salons littéraires et d'autres lieux artistiques.
Le relâchement estival s'avère aujourd'hui n'être qu'une "récréation" avant que les autorités sanitaires ne sifflent le retour aux restrictions. Les artistes et auteurs algériens vivant en France ont pourtant été parmi les pionniers de la reprise l'été dernier. Ils ont profité de la période de détente pour organiser ou participer à des événements dans l'Hexagone et particulièrement à Paris.
Aujourd'hui, avec le rebond spectaculaire de l'épidémie, on assiste au rétrécissement soudain des activités culturelles. Le plus frustrant est que les organisateurs se voient contraints d'annuler des événements, parfois à la dernière minute, par décision des autorités administratives. La gestion de l'épidémie est aujourd'hui très "territorialisée", et des villes, des communes et des départements peuvent basculer en quelques heures d'une catégorie à une autre en fonction du taux de circulation du virus.
C'est ce qui explique les annulations de spectacles et d'événements culturels, parfois quelques heures seulement avant leur tenue. "Nous ne pouvons plus rien prévoir", avoue l'écrivain Kamel Bencheikh, qui ajoute : "Une table ronde autour de Kateb Yacine était prévue par une revue littéraire, avec Marie Virolle et Amazigh Kateb. Elle a été annulée."
L'écrivain, qui fréquente ces derniers temps les milieux littéraires en Belgique, travaille à la mise en place d'un salon du livre algérien à Bruxelles avec quelques écrivains, accompagné de la lecture de Kateb. "Je prépare tout cela avec Les Amitiés belgo-algériennes, une association dirigée par Ghezala Cherifi, pour la mise en ?uvre de ces projets qui renforcent la présence algérienne en Belgique." Un autre témoignage nous est livré par le poète algérien Azar Nath Qodia : "La plupart des événements culturels à Paris sont annulés.
Dernièrement, on m'a appelé pour un récital poétique et une exposition, mais l'événement a été annulé juste la veille." Il s'agit en fait du Salon du livre qu'organise depuis des années le Centre culturel berbère de Drancy, en Seine-Saint-Denis, et qui devait avoir lieu les 26 et 27 septembre. L'arrêté préfectoral "est arrivé tardivement dans la soirée, avec effet le lendemain matin", se désole Fazia Kati, du Centre culturel. Azar Nath Qodia se console en se concentrant sur la finalisation d'un récit sur la guerre d'Algérie qui lui tient à c?ur.
Le poète Ben Mohamed, quant à lui, s'interroge : "Que dire de l'impact de la crise sanitaire sur l'activité culturelle ' C'est déjà isoler l'artiste de son public et les artistes les uns des autres, réduisant le travail collectif. Pour en mesurer le drame, il faut rappeler qu'au-delà du travail de création de l'?uvre qui est souvent individuel, il y a un autre travail qui permet de rendre visible cette ?uvre, et cela demande le concours de plusieurs petites mains pour la porter." Bien des personnes se retrouvent en effet sans travail.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que, comme le constate l'artiste peintre Lyazid Chikden, "la culture est souvent le secteur qui subit les coupes budgétaires pour faire des économies. Les contraintes sanitaires risquent d'aggraver la situation. Après la crise, on fera face à une austérité qui viendra frapper là où c'est facile ; la culture bien évidemment en fait partie", prévoit l'artiste algérien vivant en région parisienne, avant d'ajouter : "Les expositions tout comme les spectacles ne peuvent reprendre d'une manière normale parce que c'est quelque chose qui ne s'improvise pas.
Devant la persistance de la crise sanitaire, il est difficile, voire impossible de programmer un événement en raison de l'incertitude qui règne. En ce qui me concerne, en raison de l'absence d'expositions, j'essaie de trouver l'alternative avec la vente de mes toiles en ligne." S'il sauve en partie la mise, le virtuel ne pourra jamais remplacer les émotions et les sensations que procure la vie culturelle réelle.
Ali BedricI
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Posté Le : 15/10/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali BEDRICI
Source : www.liberte-algerie.com