Algérie

Les arguments politiques n'ont pas tenu



Les arguments politiques n'ont pas tenu
En perdant la bataille sur le fond en juin 2009, lorsque le ministre de la Justice britannique a ordonné son extradition, Abdelmoumen Khalifa savait qu'il ne lui restait que le terrain de la forme.Le dossier sur lequel repose l'extradition a été bien ficelé dès 2008 par le liquidateur, désormais partie prenante dans la bataille judiciaire, en raison de son statut de défenseur des dépositaires de la banque Khalifa.Le dossier présenté par la justice algérienne fait état de faits très graves reprochés à Abdelmoumen Khalifa. Cela va des colossales sommes d'argent volées des différentes agences d'El Khalifa Bank sur ordre de Moumen en personne, des transferts de devises sous le couvert de diverses transactions pour acquérir des biens, dont l'achat de la villa de Cannes, des 12 avions-taxis, des stations de dessalement de l'eau de mer, en passant par l'acquisition d'une banque et d'une société de travaux publics allemandes et dont les actifs ne se trouvent nulle part sur les documents ni de Khalifa Airways ni d'El Khalifa Bank. En France, l'enquête ouverte sur des faits de «banqueroute frauduleuse» a levé le voile sur un autre grand scandale, celui lié à vente des 12 avions-taxis par le Franco-Libanais Raghed Echamaâ, conseiller de Khalifa.Des avions au nom d'une société-écranCes aéronefs avaient été achetés entre 2001 et 2002 par Khalifa Airways, auprès de la filiale EADS Scota, avant qu'ils ne soient désimmatriculés puis réimmatriculés au nom de Khalifa Jetcorp, une filiale anglaise, qui n'est en réalité qu'une société-écran. Selon les documents obtenus par le liquidateur, Raghed Echamaâ aurait joué un rôle important dans toutes les transactions relatives à ces avions, à commencer par leur achat auprès de EADS Scota, opération pour laquelle il aurait touché une commission de 5 millions de dollars et après la chute du groupe, il a réussi à mettre la main sur les appareils, dont un a été mis au nom de son épouse et les autres transférés aux USA pour être vendus en pièces détachées. Dans cette affaire, Khalifa Abdelmoumen est poursuivi pour «complicité de banqueroute frauduleuse», «détournement d'actifs et recel», alors que l'ancien patron de EADS, Phillip Debrun, a été inculpé pour «complicité de recel de biens sociaux».Le juge a également mis en examen Amine Chachoua, qui avait un mandat général pour la gestion de Khalifa Airways en France et qui, à ce titre, avait établi l'acte de vente de la villa de Cannes achetée avec l'argent d'El Khalifa Bank, puis revendue par Abdelmoumen Khalifa, «pour banqueroute frauduleuse», «abus de biens sociaux et recel de ces derniers». Il en est de même pour Sakina Tayebi, mise en examen pour «abus de biens sociaux et complicité de recel», alors que Mme Amirouchène Nadia, ex-épouse de Abdelmoumen Khalifa, a été mise en examen pour «complicité de recel de biens sociaux», et Krim Smail devrait répondre devant le tribunal de «complicité à banqueroute» et «abus de biens sociaux» au même titre que Jean-Marc Brandela qui avait mandat général sur les activités de Khalifa Airways en France.Autant de faits graves que la justice algérienne qualifie, entre autres, d'«association de malfaiteurs, de détournement, d'escroquerie, de vols qualifiés», pour lesquels Abdelmoumen Khalifa a été condamné par contumace, début 2007, par le tribunal criminel de Blida, à une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Le liquidateur d'El Khalifa Bank avait estimé le préjudice de «cette escroquerie à grande échelle» à 300 milliards de dinars. Le liquidateur avait souligné par ailleurs qu'au 31 décembre 2012, malgré tous les efforts de recouvrement consentis, «les débiteurs inscrits dans les comptes font apparaître une somme de 81 milliards de dinars». Un désastre qui ne laisse aucune place aux arguments politiques avancés par Abdelmoumen pour se défendre contre son extradition.


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