Algérie

Les arguments de Abdelmalek Sellal Coupures d'eau


L'été fut particulièrement chaud. L'Algérie a soif et rien ne semble la désaltérer.
Coupures d'eau et pénurie d'eau minérale ont assombri l'horizon estival. Le premier responsable du secteur de l'eau, Abdelmalek Sellal, a eu, hier, lors de son passage au forum du quotidien Liberté, à s'expliquer sur une situation qui n'a pas manqué de provoquer l'ire des populations de plusieurs villes du pays. Comme l'on pouvait s'y attendre, la responsabilité de Sonelgaz n'a pas tardé à être évoquée. Le ministre des Ressources en eau a, encore une fois, invoqué l'impact des coupures récurrentes d'électricité sur les réseaux d'alimentation en eau potable.
Il a, ainsi, expliqué que les responsables du secteur ont pensé à la création de générateurs afin de palier les coupures d'électricité, même si cela peut s'avérer insuffisant pour des infrastructures de la taille du barrage de Beni Haroun, dont la consommation électrique avoisine celle d'une petite ville.
Cependant, Abdelmalek Sellal ne s'est pas contenté cette fois de ce raccourci et s'est livré tantôt à un mea culpa mettant en cause les failles de son département et tantôt à une diatribe ciblant le peu d'enclin à tous les niveaux à respecter la notion de service public et l'incivisme de certains citoyens coupables de saboter les réseaux d'AEP à force de branchements illicites et de vols d'eau.
Il est vrai qu'en ce qui concerne la disponibilité de la ressource, les efforts en matière de mobilisation des eaux notamment superficielles ont permis de garantir l'approvisionnement. A ce titre, le ministre a indiqué que la priorité pour le gouvernement a été d'assurer la sécurité hydrique, d'autant qu'il fut un temps où l'on «pensait même à importer de l'eau», a-t-il rappelé. Il fallait donc remédier à la situation. Pari tenu pour le département ministériel, puisque, selon les propos de M. Sellal, les capacités de mobilisation des eaux superficielles sont passées de 4 milliards de mètres cubes à 7,5 aujourd'hui et devraient atteindre les 9,5 en 2014.
Cela a été possible grâce aux nombreuses réalisations du secteur à l'issue desquelles l'Algérie dispose aujourd'hui de 71 barrages remplis à plus de 68%. Barrages qui devraient être au nombre de 85 à la fin du programme quinquennal de développement en 2014. De gros investissements ont également été consentis pour la réalisation de gros transferts comme In Salah-Tamanrasset et ceux en cours de Chot El Gharbi vers Tlemcen et le transfert des eaux de l'Albien vers Djelfa. Le premier responsable du secteur a également évoqué les projets d'interconnexions régionales en vue de la constitution de réserves hydriques régionales à partir du barrage de Beni Haroun à l'Est, Taksebt au Centre et du barrage de Gargar à l'Ouest. Les stations de dessalement d'eau de mer, et celles d'épuration et les efforts entrepris en matière d'irrigation en agriculture n'ont pas manqué d'être cités par le ministre.
Vétusté du réseau de distribution
On l'aura donc compris, la ressource est suffisante pour satisfaire les besoins. Reste donc la distribution. Ce qui ne semblait n'être qu'un «détail», au regard des responsables du secteur à la veille du lancement des grands projets structurants, a fini par devenir au final un véritable problème.
Mais cela n'a rien à avoir avec un défaut de planification, aux dires de Abdelmalek Sellal, qui a estimé qu'avant de lancer des projets à coups de milliards, il fallait d'abord essayer le réseau et ses capacités d'absorption.
Malheureusement, il s'est avéré que celui-ci enregistrait un taux de déperdition induit par les fuites de plus de 50%. Des efforts ont été consentis en ce sens et ont permis de réduire ce taux à 30%, dont 18% à Alger grâce, notamment pour ce cas précis, à la modernisation du réseau d'AEP dans le cadre de la gestion déléguée de l'eau confiée à Seaal (une joint venture entre Suez et l'Algérienne des eaux).
La vétusté du réseau de distribution pose un problème réel, d'autant qu'il s'agit de 55 000 km de canalisations à renouveler et à moderniser. D'ailleurs, un programme est prévu en ce sens et qui touchera prochainement les réseaux de 16 villes. Encore faut-il que la gestion et la maintenance soient à la hauteur du service requis. M. Sellal ne manque pas de tacler certains administrateurs au sein même de son département et de ses démembrements qui n'appréhendent pas encore, selon lui, la notion de service public. Il ne s'agit pourtant pas, selon lui, de tout mettre sur le dos d'un bouc émissaire. Une évolution des mentalités est, pense-t-il, nécessaire à tous les niveaux et particulièrement chez les citoyens, consommateurs eux-mêmes.
Au-delà du phénomène des branchements illicites et des sabotages de canalisations et conduites constaté un peu partout, il met à l'index une nouvelle forme de revendication par la force qui remet en cause les formes d'indemnisation en cas d'expropriation pour utilité publique et qui complique la levée d'obstacles pour la réalisation d'infrastructures (conduites, barrages). Il s'est agacé du fait que les exigences de certains dépassent de loin les capacités du budget de l'Etat.
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