Algérie

Les arêtes de la retraite


A la fin de son roman « Candide ou l?Optimisme », Voltaire fera dire à son héro « cultivons notre jardin ». Une belle invite à la réflexion qui dénote d?une grande sérénité. Alors que le débat sur le recul de l?âge à la retraite fait rage dans les pays avancés, il est curieux que chez nous, la seule préoccupation qui soit majoritairement partagée est celle du départ anticipé. A la retraite, bien entendu ! A la fin des années 80, avec le passage théorique à l?économie de marché et sous les injonctions du FMI, le pays organisa une véritable saignée, notamment dans les rangs des hauts fonctionnaires et des cadres du FLN. On a vu des compétences d?à peine 40 ans partir avec une retraite dorée. Pour vrais et faux moudjahidin, une bonification très alléchante allait amplifier le mouvement. Y compris celui de la falsification ! Si cette frénésie n?aura aucune conséquence sur un secteur économique moribond, l?éducation nationale et l?enseignement supérieur allaient en pâtir mortellement. Dans les hautes sphères on fera exactement l?inverse, en battant le rappel des seniors ! Malheureusement, dans l?enseignement, le phénomène prend une autre tournure. Plus dramatique pour l?école et les écoliers. À quelques années de la retraite, nombreux enseignants débrayent gravement. Un inspecteur fera observer que la chose est en train de prendre des proportions alarmantes. On est toujours dedans, mais l?esprit est déjà ailleurs. Juste pour pointer et recevoir son CCP. Et la noble mission dans tout ça ? Plus personne n?y pense. Quand on voit le chassé-croisé des septuagénaires arpentant les dédales de la République, il n?est plus interdit de se mettre au vert. A la seule différence qu?il faudra un jour rendre des comptes aux plus jeunes. Qui sont notre unique jardin ! Car, à trop assécher la plantule, il lui poussera des épines. Phénomène très connu chez les plantes grasses.
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