Algérie

Les archives de la peur



Les archives de la peur
Après la chute du Mur de Berlin en 1989, le QG de la Stasi a tout de suite été l'une des cibles des manifestants est-allemands, et leur invasion de cet endroit sinistre a été le commencement d'une expérience inédite au monde : la récupération des archives de la Stasi que le dernier ministre de la Sécurité de l'Etat, Erich Mielke, voulait détruire.Cette expérience incroyable, on la retrouve dans un bloc jouxtant le musée : un bloc de béton de plusieurs étages, construit spécialement pour contenir une masse de plusieurs dizaines de tonnes de? documents. Les archives secrètes de la Stasi. Derrière des portes blindées s'étalent des centaines de mètres de rayonnages métalliques, chargés de fiches de renseignements sur les citoyens allemands et organisés, rien que pour le classement, en 39 millions de fiches codées et 700 systèmes d'agencement, et avec en plus une dualité des dossiers selon si l'agent ou le suspect est nommé par sa véritable appellation ou par son nom de code. «L'énorme casse-tête a été de sauver ce que les agents de la Stasi ont tenté de détruire à la hâte à la chute du Mur, il fallait recoller ruban par ruban, mettre de l'ordre dans une logique pas évidente à percer», raconte DagmarHovestädt, la porte-parole du Mandataire fédéral pour la documentation du service de sécurité de la RDA (BStU).Loi anti-statsiCette agence garantit le droit des citoyens allemands (et étrangers si leur pays a par le passé collaboré avec les services secrets est-allemands) à consulter les archives et travaille à leur conservation et classement. «C'est une agence unique au monde, poursuit DagmarHovestädt. Trois responsables, désignés par le Parlement se sont succédé à la tête de cette institution depuis 23 ans, dont le premier, joachim Gauck, l'actuel président allemand. Toute la société allemande et tous les partis politiques sont consensuels autour du rôle et de l'importance de cette agence.» «La loi qui encadre notre travail veut réaliser l'équilibre entre deux principes fondateurs : la transparence et la protection de la vie privée», explique-t-elle encore.ProcessusL'institution n'est qu'un intermédiaire entre le public et ces documents, et c'est ensuite aux chercheurs, aux journalistes ou aux citoyens (30 000 demandes de consultation par mois) qui consultent les archives de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de l'usage qu'ils en font. Mais rendre accessibles au public ces archives secrètes n'a-t-il pas provoqué des règlements de comptes ' «Heureusement, non, rassure la porte-parole, mais il y a eu un scandale en 1991-1992, quand des employés du ministère de l'Intérieur ont été démasqués comme étant d'anciens membres actifs de la Stasi. Ils ont été radiés de la Fonction publique, mais cette mesure ne concernait pas le secteur privé? Par ailleurs, cela a permis aussi à des victimes de la Stasi d'avoir des indemnisations. Et certains employeurs demandaient des renseignements sur leurs salariés, pour savoir s'ils avaient collaboré avec la Stasi à l'époque, mais il n'y a plus de cas de refus d'emploi pour cette cause-là.» «J'ai consulté mon dossier ici, car je savais que j'étais surveillé en tant qu'activiste à l'université, raconte un quinquagénaire berlinois. En lisant le dossier qui détaillait ma vie privée, j'avais compris que c'était mon meilleur ami qui m'espionnait.» «Mais on est loin d'en avoir fini avec les restes du système Stasi, regrette un journaliste allemand. En 2009, quatre ancien de la Stasi ont été élus au Parlement régional de Brandebourg et tous les lander (régions) n'appliquent pas la loi anti-Stasi de 1991 de la même manière. L'obsession de la réconciliation aussi fait des dégâts.» «C'est un long processus, la réunification, ainsi que la réconciliation avec notre passé est une longue marche», nuance un politique berlinois.




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