Algérie

Les architectes dénoncent une application bureaucratique



Les architectes dénoncent une application bureaucratique
Le 21 mai 2003, la région du Grand-Alger était secouée par un violent séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter. Près de 3000 personnes ont péri et des milliers blessées. 19 744 infrastructures publiques et privées se sont effondrées : des immeubles d'habitation, des mosquées, des établissements scolaires, universitaires et sanitaires, des maisons individuelles, des ponts? dans la seule wilaya de Boumerdès.Ce drame amène les autorités à revoir, encore une fois, la réglementation de la construction parasismique. Les autorités veulent resserrer les boulons sur toute la chaîne de construction. De nouvelles lois sont adoptées. Depuis, d'autres séismes, d'autres effondrements. Bien qu'ils aient été bien moins dramatiques que celui de Boumerdès, ils font planer la menace.Les 80 stations sismiques nationales enregistrent près de trois séismes chaque jour, une moyenne de 90 par mois. Tous ces séismes ne sont pas ressentis. Mais le nord du pays, où se concentre la plus forte densité de population, peut être le théâtre de secousses catastrophiques à n'importe quel moment. Le risque sismique est permanent sur toute la zone côtière jusqu'aux Hauts-Plateaux.Selon une étude algéro-française sur les risques de catastrophes naturelles dans la capitale, datant de 2013, «le Sahel et Blida présentent les plus importants risques de séisme, générant également des risques de tsunami à une hauteur d'eau au rivage de deux mètres pour une probabilité de survenance de quelques décennies». Les experts sont unanimes. On ne peut pas prédire un séisme, mais on peut se préparer à sa survenue.Construire plus«Le risque est là, mais nous sommes face à un phénomène naturel et on ne peut que travailler sur la prévention, notamment concernant la construction», confie Kamel Lamali, chercheur au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag). La sensibilisation de la population aux bons réflexes pour éviter les mouvements de panique et la construction aux normes parasismiques sont les seules voies à prendre.Qu'en est-il justement de ces normes et de leur application ' Des spécialistes expriment leurs réserves. Pour Hasna Hadjila, architecte, secrétaire générale du Syndicat national des architectes agréés algériens (Synaa), l'application des normes parasismiques pose un problème dans le suivi du contrôle. «Le contrôle se fait sur les plans d'études mais une fois la réalisation entamée, le suivi pose problème», explique-t-elle. «Les lois, telles qu'elles existent, posent problème», tranche de son côté Marhoun Larbi, architecte urbaniste, deuxième prix national d'architecture 2012.«Il y a eu révision des normes parasismiques dans l'urgence, en 2003. Il y a eu une gestion politique et non scientifique de la question qui n'a fait qu'aggraver les facteurs de sécurité à observer pour parer à l'urgence. Mais il n'y a eu aucune investigation scientifique approfondie pour démontrer leur pertinence», ajoute-t-il.Pour le spécialiste, les normes parasismiques sont «trop» contraignantes et amènent l'Algérie à produire moins de logements que ce qu'elle peut. «Nous utilisons près de 20% de matières en plus pour respecter les normes parasismiques. Nos structures sont donc grossies de 25% pour des raisons de sécurité alors qu'il n'est pas avéré ni démontré scientifiquement que ces mesures parasismiques, telles qu'appliquées actuellement, sont efficaces.» Le spécialiste a effectué un petit calcul qui en dit long. Pour un million de logements réalisés, on pourrait en faire un million deux cents cinquante mille.




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