Malgré l'importante dynamique que connaît le secteur du bâtiment dans la wilaya de Béjaïa en particulier et en Algérie en général, les nouveaux bureaux d'architectes ont du mal à survivre.Depuis le congrès national qui a réuni, à Alger, les représentants des architectes et le ministère de l'Habitat (chargé de l'architecture), les architectes de Béjaïa, à l'instar de leurs collègues des autres wilayas, demeurent dans l'expectative.
C'est le projet d'amendement proposé par le ministre de l'Habitat qui est au centre de leurs préoccupations. Ikhlef Amine Faycal, le président du Conseil de l'ordre des architectes de Béjaïa, qui qualifie de «positif» la tenue du congrès, a émis
cependant des réserves vis-à-vis de cette démarche du ministère concernant la préparation de l'amendement. «Les réserves principales sont justement le gel de toute modification du décret 94/07 relatif à la profession d'architectes et qui représente un acquis important pour les professionnels du domaine», a-t-il rapporté.
Ils sont seulement 248 architectes installés dans la wilaya de Béjaïa en 2013. Chaque année entre 20 à 30 nouveaux architectes se voient octroyer un agrément d'exercice après leur stage et leur prestation de serment.
Malgré l'importante dynamique que connaît le secteur du bâtiment dans la wilaya de Béjaïa en particulier et en Algérie en général, les nouveaux bureaux d'architectes ont du mal à survivre. Certains sont contraints de fermer après quelques mois d'exercice ou s'endetter auprès de l'Ansej pour pouvoir se lancer, témoignent certains architectes.
«Le cahier des charges est surchargé de clauses et conditions essentiellement d'ordre matériel que le nouvel architecte n'a aucune chance de remplir» a affirmé Amine Fycal Ikhlef en précisant que l'Ansej a accordé des crédits qui s'élèvent parfois à 10 millions de dinars pour le compte de nouveaux architectes qui n'ont aucune possibilité de répondre aux conditions fixées par les cahiers des charges.
En 2011, les architectes de Béjaïa ont battu le pavé pour exiger la prise en charge de leur fonction par les pouvoirs publics. Ils demandent en premier lieu que leur instance soit sous la tutelle du gouvernement pour l'intérêt public.
Les conditions d'exercice de la fonction d'architecte, l'accès aux marchés publics, l'accès aux mesures d'incitation que l'Etat doit fournir mais aussi l'organisation du volet juridique de cette profession par rapport aux contrats qui lient les architectes à d'autres professionnels, à la maîtrise d'ouvrage et la propreté intellectuelle sont les autres attentes des architectes.
Méfiance
«Parce qu'il y a urgence à parler habitat et cadre de vie du citoyen. La plateforme de revendications a été transmise à la tutelle mais nous n'avons pas encore reçu de réponses à nos doléances. Une déclaration de l'ordre national a été déposée au niveau du ministère», a affirmé le président du conseil de l'ordre local.
Le projet d'amendement relatif à la profession d'architecte préparé par le ministre de l'Habitat est très attendu par les professionnels du domaine, avec beaucoup de méfiance d'ailleurs de la part des architectes. «Le ministre a donné la mouture de proposition d'un décret. Notre souhait est que ce texte soit un complément du décret 94/07. Dans le cas contraire, c'est le rejet de notre part, on bloque. Par contre, la 94/07 a besoin de textes d'application en plus d'une vulgarisation», a prévenu le président du Conseil de l'ordre de Béjaïa.
L'ancien SG du conseil national des architectes, Djamel Djemai, qui exerce dans l'ancienne capitale des Hammadites est tout aussi méfiant. Il regrette que les concernés soient écartés de la démarche de préparation de ce décret. «Ces textes sont la à préparer la mise à mort de la profession. Ce ne sont pas des textes discutés avec les représentants légaux des architectes», a-t-il objecté. Il cite au passage la proposition du ministère d'exiger le statut juridique de personne morale au lieu de personne physique à tous les architectes. Une mesure qui n'a aucun sens selon notre interlocuteur qui se dit très préoccupé par la suite que le ministère donnera à son projet d'amendement.
La situation des architectes au niveau local et au niveau national dépendra donc des décisions du ministre de l'Habitat auquel est confiée la destinée des architectes, un choix qui ne fait pas d'ailleurs l'unanimité de l'avis de l'ordre de Béjaïa. «Les architectes s'accordent à dire que les conditions sont mieux hors du ministère de l'Habitat», a-t-il confié.
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Posté Le : 08/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Ikken
Source : www.elwatan.com