Le deuxième
Sommet arabe de l'économie se tiendra en janvier prochain en Egypte, comme
prévu à la clôture du premier sommet à Koweït en 2009.
Sur fonds de
divergences concernant la question Palestinienne essentiellement et de
déchirements politiques hypocritement cachés entre certains de ses membres, la
Ligue Arabe , dont le fonctionnement est de plus en plus contesté, parait jouer
les apaisements d'apparence pour sauver les meubles en conservant à Egypte
l'image de la grande sœur, qui peut parler au nom de tous. Qui peut parler aux
Israéliens en promettant l'amorce de dialogues de sourds avec les Palestiniens
et aux Palestiniens officiels ou non, pour les convaincre d'aller aux abattoirs
avec le sourire, un rameau d'olivier brandi en signe de capitulation.
Elle peut parler
aux européens pour promettre la réussite de cette Union Méditerranéenne chère à
Sarkozy en contrepartie de flux touristiques qui rapportent de quoi tenir le
pouvoir sous perfusion et barrer la route à toute liberté localement
revendiquée. Elle peut parler aux américains pour promettre que les aides à
Ghaza ne comportent pas d'armes menaçantes pour Israël, en contrepartie d'une
mendicité gracieusement appelée aide. L'Egypte sait placer ses intérêts devant
elle et les arabes dans un rétroviseur embué, pour mieux les conduire entre
deux feuilletons où les Palestiniens s'évaporent dans chaque scénario. L'idée
d'un ensemble économique arabe à l'instar de ce que les européens ont réussi
avec l'UE soulève quelques préalables.
D'abord comment
est vécue l'arabité aujourd'hui en dehors des liens religieux et de l'Histoire
commune où l'Islam a constitué un ciment pour lever des armées, frapper monnaie
et encourager les sciences d'où qu'elles venaient ? Où l'Islam signifiait
progrès et prospérité, le temps d'une civilisation parmi tant d'autres.
Ensuite il parait difficile de construire une
Union avec le seul sentiment de l'arabité ou même de l'islamité de nos jours. Il
s'agit là de thèses défendues par les courants nationalistes à un moment où
l'Histoire récente offrait encore de quoi mobiliser les masses, les
intellectuels et les mouvements politiques. Du temps où la confiance régnait
entre gouvernants et gouvernés. Du temps où ce que l'on a appelé par la suite
l' « Islam politique » n'avait pas encore intégré, puis dominé les sphères des
pouvoirs. Mais en économie il est question d'intérêts pas d'affection.
L'affection facilite les intérêts sans forcément les construire. En plus, à
l'ère du tout libéral les faibles ne sont pas épargnés. Leur PIB et leurs
monnaies ne suffisent pas à en faire des nations développées. Alors quel est le
sens d'un Sommet Arabe de l'économie lorsque les pays arabes dépendent pour la
majorité de leurs besoins des autres ensembles régionaux ? L'Amérique allié
naturel et inconditionnel d'Israël y figure en première place, puis l'Europe,
autre allié naturel et inconditionnel de l'ennemi par excellence des pays
arabes. Ennemi du moins en apparence. Rappelons-nous que la moitié du temps du
sommet de Koweït a été consacrée à la réconciliation entre les « frères »
gouvernants et l'autre moitié à la rédaction de recommandations hâtives
effleurant à peine la situation des ghazaouis. La suite n'est qu'une succession
d'accolades et de tapes sur le dos pour vérifier si l'âge n'a pas encore
ébranlé la santé de l'autre. Entre vieillards ce jeu provoque parfois des
accidents mortels. Sur le terrain des réalités chacun a réussi à s'intégrer au
marché mondial, en y vendant et surtout en y achetant de quoi riposter par les
armes en cas de menaces fratricides d'abord. Israël a le mérite d'être un
ennemi clairement identifié.
Mais c'est un ennemi des peuples, ce qui le
met à l'abri de toute menace sérieuse, bien que présentant tous les signes
d'une disparition dans les oubliettes de l'Histoire. Il suffit juste de l'y
pousser en créant une véritable union économique intégrant l'ensemble des
ressources disponibles dans les pays arabes. Le plus difficile c'est d'y
arriver après avoir restitué la liberté toute la liberté aux peuples. Et c'est
précisément là que les choses vont mal. Les questions économiques ne peuvent
être débattues en dehors des Droits de l'Homme, des libertés fondamentales et de
la redéfinition des pouvoirs en termes d'alternance. Pour le moment les
gouvernants arabes usent de toutes les astuces bédouines pour mourir sur leurs
trônes en généralisant la corruption en comptant sur les oligarchies militaires
et leurs clients/fournisseurs qui n'ont aucun intérêt à les voir s'unir pour un
grand projet économique. Il y va de leur survie et de celle du seul mode de
gouvernance qu'ils ont été capables de créer. Ils confondent pouvoir et
autorité et finissent par n'en assumer aucun des deux. Le pouvoir est évaluable
par le nombre de décisions qui servent l'intérêt général et non celui de
quelques familles ou tribus. L'autorité est une reconnaissance sociale du
bien-être commun et individuel sans avoir besoin d'appareils répressifs. On parle
bien d'autorité morale ou scientifique de personnes qui ont fait leurs preuves
dans un domaine de la vie. Que reste-t-il alors à faire pour parvenir à une
Union arabe de l'économie ? Pour le moment il faut juste attendre que les
actuels gouvernants disparaissent puisqu'ils ont été incapables d'y parvenir.
Ensuite tout se clarifiera ou alors il ne faudra plus y penser et regarder
chacun vers la direction qui le mène à ses buts comprenant enfin qu'une Union
n'a rien de racial ni de religieux. D'ailleurs à chaque fois que les arabes
s'unissent, la Palestine s'éloigne de la carte.
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Posté Le : 26/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Saifi Benziane
Source : www.lequotidien-oran.com