Algérie

Les Arabes sens-dessus dessous



Du 11 septembre 2001 au «printemps arabe» jusqu'à la casse en règle de la Libye de Kadhafi, le monde arabe est sens-dessus dessous. Tous les repères anciens ont sauté. La carte géographique, héritée des indépendances, a dessiné les frontières de chaque Etat selon les rapports de force qui mettaient en avant les enjeux économiques et géopolitiques qui vont perdurer pour atteindre leurs limites en cette deuxième décennie du XXIe siècle. Deux moments majeurs de l'Histoire déterminent les soubresauts actuels qui impactent indirectement cette partie du monde qu'est le Moyen-Orient, riche en hydrocarbures et d'importance cruciale quant à la libre circulation maritime. La chute du mur de Berlin en même temps que l'éclatement du bloc soviétique a mis fin à un équilibre précaire certes, mais basé sur la bipolarisation du monde Est-Ouest. La guerre des Balkans et l'éclatement de l'ex-Yougoslavie participent de cette remise en cause d'un ordre ancien au profit d'une seule puissance mondiale, les Etats-Unis qui veulent régenter la planète à leur profit exclusif. Et Israël en Afrique et au Moyen-Orient. Fort heureusement, l'arrogance des Yankees va être progressivement jugulée par une Chine populaire qui s'impose sans bruit dans le concert des nations et qui, surtout, va faire du multilatéralisme une réalité de facto.Avec la Russie de Poutine, l'équilibre de la terreur post-Seconde Guerre mondiale va céder la place, à ciel ouvert, à une féroce compétition pour l'accaparement de parts de marché et surtout l'accès aux matières premières.
Les premiers visés dans cette course folle, ce ne sont pas les ex-républiques soviétiques qui en sont dépourvues. Celles-ci n'ont de l'importance, aux yeux des administrations américaines qui vont se succéder, que par les enjeux stratégiques se résumant à l'encerclement de la nouvelle Russie à travers l'installation de bases militaires moyennant finances.
Si le Moyen-Orient est, de tradition, la chasse gardée étasunienne, un gros intérêt est porté à un continent qui stagne depuis plusieurs décennies après sa libération du joug colonial européen (France, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal...). Il s'agit de l'Afrique. Deux pays font d'ores et déjà les frais de cette redistribution des cartes, il s'agit du Soudan, amputé de sa partie sud, et de la Libye, hantée par les démons de la partition. L'Afrique est devenue un terrain de confrontations politique, économique et militaire et source de toutes les convoitises. C'est pourquoi, tant dans son contenu que dans sa portée, le projet du Grand-Moyen-Orient (GMO) intéresse aussi bien le Maghreb que le continent noir.
Le projet dangereux de par ses implications quant aux risques de guerres induits (guerre des frontières notamment). Etats-Unis, Europe, Chine et Russie, tout ce beau monde se retrouve sur un terrain déjà miné par le terrorisme islamique qui n'est rien d'autre qu'un outil de la politique du premier pays cité. Combattu, suite aux événements du 11 septembre 2001, l'islamisme politique devient une pièce maîtresse aux mains des Américains. Les idées d'apparence généreuses du GMO se révèlent de redoutables instruments de déstabilisation. C'est pourquoi il ne serait pas faux d'inclure d'autres modes opératoires dans cette stratégie globale qui vise à mettre en branle les sociétés civiles et les femmes sous le couvert de la démocratie.
Démocratie pour tous, même au forceps. En ce sens, c'est un coup insidieusement porté aux revendications populaires contre les tenants du système stérile, engoncé dans la corruption.
Il en est ainsi du Hirak originel en Algérie. Dans tous les cas de figure, cela a abouti au retour de régimes autoritaires qui ne cèdent rien sur l'essentiel en matière de libertés. Il ne faut pas négliger, dans cette démarche de déstabilisation de grande dangerosité, l'instrumentalisation des minorités ethniques, religieuses, voire sexuelles.
Brahim Taouchichet


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