Algérie

Les APC sommées de recenser les espaces indûment occupés



La fin du racket pour une place de stationnement ? La récente rencontre-formation au profit des présidents d’APC, organisée par le département de Yazid Zerhouni, s’est soldée par plusieurs recommandations et l’une des plus en vue a porté sur la fin des parkings sauvages où l’on assiste à un véritable racket subi par les automobilistes. Le moment d’appliquer la loi dans toute sa rigueur est donc venu pour mettre fin à cette situation qui n’a que suffisamment été tolérée par l’Etat. Et cela ne date pas d’hier. Le phénomène des gardiens de «parkings sauvages», exerçant de manière informelle, a fait son apparition depuis la fin des années 1980, avec la conjugaison de plusieurs facteurs dont le chômage croissant des jeunes, victimes de la forte déperdition scolaire, et de l’extension urbaine des grandes villes comme Alger et Oran. Cette extension trouve son origine dans les programmes de logements qui ont vu l’émergence des zones d’habitations urbaines nouvelles (ZHUN) qui, en raison de la crise dans l’industrie du bâtiment et des difficultés, ont limité l’effort de réalisation à la livraison de logements seulement, sans que ces derniers ne soient accompagnés des équipements corollaires (parkings, aires de jeux...). Les espaces communs destinés préalablement aux aires de stationnement étaient majoritairement laissés sans délimitation ou organisation. C’est donc par les voies de l’informel que le gardiennage de nuit des véhicules particuliers s’est organisé, par le jeu des cotisations en faveur d’un ou de plusieurs habitants de la cité chargés de cette tâche. C’était la première phase qui s’installait par «consentement» des automobilistes, pour ainsi dire. Les difficultés économiques, la poursuite de l’exode rural vers les grandes agglomérations, Alger en tête et, durant les années 1990, la dissolution d’entreprises publiques et, enfin, la difficulté pour les collectivités locales d’assurer leurs missions dans un contexte des plus ardu, ont été des facteurs qui se sont rencontrés pour favoriser le développement du phénomène des parkings sauvages qui se sont bientôt étendus à toutes les rues, centre-ville compris, instaurant alors «le parking à la matraque». Tout au long de cette période, les multiples efforts des collectivités locales de réglementer cette activité et de la maîtriser n’ont eu qu’une portée limitée, et ce, pendant que les gardiens installés à leur propre compte «régnaient» dans «leur» rue et décidaient d’augmenter leurs tarifs, passant de 10 à 20 puis 30 DA, sinon plus (50 à 100 DA dans les plages durant la saison estivale). Selon les seuls chiffres révélés en 2007 par les services de la Sûreté de la wilaya d’Alger, 115 gardiens de parkings illicites ont été interpellés depuis 2006. Ces arrestations sont intervenues en application de la décision 267 de janvier 2006, réglementant l’activité des parkings et instituant une commission nationale chargée de l’encadrement des aires de stationnement. Cette commission est constituée de représentants de plusieurs institutions, dont le ministère des Travaux publics, celui des Transports et la DGSN. Commentant le travail de cette commission, qui constituera pour Alger une expérience pilote devant être généralisée aux autres grandes villes, le ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait déclaré alors que «l’encadrement de ces activités vise à prévenir certaines formes d’atteinte aux personnes et aux biens et permet de mieux contrôler les recettes générées par ces activités en Algérie et qui contribuent, avait-il assuré, à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes à travers la création de postes d’emploi, où la priorité est accordée d’abord aux chômeurs». En application de la circulaire ministérielle qui définit clairement les espaces à transformer en parkings et ceux à accorder en concession à des personnes qui doivent s’organiser en coopératives de surveillance de parkings, les comportements qui portent atteinte à l’ordre et à l’espace public devraient logiquement disparaître. Le choix d’Alger est expliqué par son importante étendue qui abrite 136 grandes artères et 148 espaces de stationnement à même d’accueillir 31.000 véhicules. L’autre mesure par laquelle les pouvoirs publics entendent lutter contre le phénomène tourne autour du renforcement des capacités de stationnement et de parking de la wilaya d’Alger. Il faut savoir, à cet endroit, que la wilaya d’Alger ne dispose actuellement que de 7 parkings comptant un total de 5.660 places, auxquels s’ajoutent 8 autres parkings et garages privés qui ne contribuent qu’avec un modeste apport de 500 places. Cette offre est, on ne peut plus, insuffisante: pas moins du quart du parc automobile de l’Algérie (3,5 millions de véhicules en circulation selon les chiffres de l’ONS) est concentré sur le grand Alger. Toujours est-il, qu’aujourd’hui, les APC sont tenues au plus vite de dresser un recensement des espaces indûment occupés par des gardiens travaillant dans l’informel. Qu’il s’agisse de la voie publique, des parkings de cités d’habitations ou d’espaces communs, notamment les terrains vagues ou les zones jouxtant les marchés publics, tous ces lieux devront subir l’intervention des collectivités locales. Il n’est pas à exclure, comme l’expérience faite et qui n’a pas été sans résultats, que les gardiens en place soient tout bonnement régularisés. Une opération d’envergure qui nécessitera l’engagement véritable des élus et une bonne coordination entre collectivités locales et services de police mais qui, à terme, devrait soulager les automobilistes, eux-mêmes confrontés à un pouvoir d’achat qui rend déjà bien difficiles l’exploitation et l’entretien de leurs véhicules. Amine B.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)