Ce sera peut-être le modèle à suivre cette année. Il y a quelques jours, un éleveur protestait contre la fermeture de son exploitation en attachant ses vaches devant le siège de la wilaya, à Béjaïa. Trois heures durant, les vaches ont tenu un sit-in, obligeant la police à fermer cet axe principal de la ville. L'idée n'est pas aussi bête qu'un animal ; il s'agit, à ce stade d'évolution du pays, d'opérer une distinction citoyenne entre ovins et bovins ; les moutons, modèles pour la société islamo-FLN en dessein, ne protestent pas, contrairement aux vaches, plus politisées. L'autre idée est que si les associations sont aujourd'hui interdites de rassemblement, le régime n'a pas encore prévu ce type de manifestations.
Ce qui voudrait dire que l'on pourrait manifester avec des chiens ou des zèbres, des armées de dindons ou des bataillons de poulets sans avoir à enfreindre la loi. Mais après avoir relu la Constitution et fouillé toutes les lois, après avoir longuement réfléchi au comment enfermer les Algérien(ne)s dans leurs maisons, les autorités ont finalement dispersé le rassemblement et les vaches ont été emmenées à la fourrière.
Au pays de l'incertain, la suite n'est pas prévisible. Peut-être ces vaches vont-elles être jugées pour attroupement non autorisé et pour s'être «mêlées des affaires de l'Etat», comme l'interdit désormais la nouvelle loi de DOK. C'est d'ailleurs toute l'étrangeté de ce texte que personne n'a demandé, venu théoriquement dans la foulée de l'ouverture du Printemps arabe pour finalement être plus répressif que l'ancien, celui d'avant les révoltes. Sans printemps, cette loi n'aurait donc pas existé et le gouvernement, par réflexe autocratique, ne serait pas allé vers l'arrière. Et les vaches ' Elles seront bien gardées, a promis une source anonyme de la wilaya. Mais l'éleveur n'y croit pas vraiment, il serait déjà à la recherche d'un avocat pour vaches.
Posté Le : 03/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com