Visiblement, les promesses exprimées par le président Amadou Tounami Touré (ATT), pour régler le problème du nord de son pays, n’ont pas eu les effets escomptés. Le Mouvement des rebelles touareg menace de reprendre les armes, si les engagements qu’il a pris ne sont pas honorés dans les semaines à venir. Dans un communiqué rendu public hier en fin de journée, Brahim Ag Bahanga et ses cadres déclarent que «la visite de ATT à Kidal, du 7 au 8 février, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Mali, s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le Projet local de récupération des armes légères en lien avec la cellule nationale contre la prolifération des armes légères (financée par l’ONU).
Mais depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une ‘’Flamme de la paix’’ le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal». Une opération qualifiée de «bricolage politique» duquel ils «se démarquent». Ils regrettent que «les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue durant la pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans. La bougie de la paix et du développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera, hélas, pas allumée à Kidal». Les signataires rappellent qu’en novembre 2010, «des rencontres informelles» ont eu lieu en Libye avec les émissaires de Bamako, et qu’«un document politique» leur a été remis.
«Le Mouvement y proposait des voies de sortie de crise concernant, entre autres, les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako.» Mais ajoutent-ils : «Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de ‘’Flamme de la paix’’ sans tenir compte du Mouvement.» Ce qui est considéré comme étant «une forme de provocation». Le Mouvement tient la communauté internationale à témoin sur le fait que Bamako «se désintéresse» de la problématique touareg, «en dépit du fait qu’une partie importante des combattants avait déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris».
Il accuse Bamako de profiter du désarmement d’une partie importante des Touareg «pour laisser toutes les chances à son partenaire d’AQMI d’occuper l’espace touareg et de s’y enraciner. Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion d’AQMI dans la région. Il lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire pour mener des actions dans les pays limitrophes». Face à cette situation, «le Mouvement touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en œuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec AQMI».
Il met «en garde» les autorités maliennes en disant : «Si les autorités maliennes ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord-Mali une réorganisation de la structure militaire du Mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.»En clair, le Mouvement menace de reprendre l’action armée dans un avenir proche, si Bamako ne réagit pas.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com