L'accord au forceps obtenu dimanche soir par les producteurs du pétrole est loin de rassurer les marchés. Un léger rebond des cours a été observé la matinée, à l'ouverture des marchés, mais l'euphorie n'y était pas, au lendemain d'un compromis qualifié d'historique par les pays producteurs, lequel consiste à retirer près de 10 millions de barils par jour du marché.Les analystes doutent que cet arrangement ne puisse être suffisant pour absorber les surplus de production, alors que l'économie mondiale s'enfonce dans la récession sur fond de propagation inquiétante de la pandémie de coronavirus. Dans ces conditions de doutes persistants sur un rebond rapide de la croissance mondiale, il est peu probable que les cours du brut puissent connaître une reprise durable, tant il est vrai que l'euphorie qui a suivi la conclusion dudit accord a aussitôt cédé le terrain au scepticisme des analystes et des investisseurs.
"Après une réaction initiale positive sur les cours pétroliers, nous nous attendons à ce que la décision de l'Opep+ se traduise au mieux par un cours plancher", estime Harry Tchilinguirian de BNP Paribas dans une note. "Mais nous n'anticipons pas une reprise durable des cours du pétrole tant que la demande latente ne sera pas pleinement exprimée au troisième trimestre", ajoute-t-il. L'accord conclu dimanche a pourtant pour effet d'enclencher une réduction de l'offre de pétrole quatre fois supérieure au précédent record en la matière, qui remonte à 2008, pendant la crise financière.
De son côté, l'influente banque américaine Goldman Sachs a qualifié d'historique l'accord de réduction de l'offre pétrolière, non sans nourrir de sérieux doutes quant à son efficience dans un marché miné par les surplus de production ainsi que par des stocks mondiaux culminant à des niveaux historiquement élevés.
Les analystes de Goldman Sachs estiment que la réponse des pays producteurs était inférieure aux attentes du marché, soulignant que les mouvements étaient "trop peu, trop tard" après des semaines d'une guerre des prix dommageable entre l'Arabie saoudite et la Russie.
"Etant donné la difficulté pour la plupart des producteurs en dehors de l'Opep de base de mettre en ?uvre des coupes importantes, l'accord d'aujourd'hui laisse les coupes volontaires encore trop peu et trop tard pour éviter de briser la capacité de stockage, garantissant que les bas prix du pétrole obligent tous les producteurs à contribuer au rééquilibrage du marché", soulignent les analystes de Goldman Sachs, dans une note adressée aux clients de la banque, dont le contenu a été révélé par Bloomberg.
Goldman Sachs va jusqu'à anticiper une rechute des cours sur fond de risques de saturation des capacités de stockage. "En fin de compte, cela reflète simplement qu'aucune réduction volontaire ne pourrait être suffisamment importante pour compenser la perte de demande moyenne d'avril-mai de 19 mb/j due au coronavirus.
Nous réitérons donc notre opinion selon laquelle les prix du brut intérieur continueront de baisser au cours des prochaines semaines à mesure que la capacité de stockage deviendra saturée et nous nous attendons à une nouvelle faiblesse des temps d'exécution du WTI et des prix du brut au cours des prochaines semaines, comme déjà prévu vendredi, avec des risques à la baisse pour nos 20 $ à court terme/prévisions bbl", indiquent les analystes de la banque américaine.
Goldman Sachs souligne sur sa lancée que les réductions volontaires de l'Opep+ ne conduiraient qu'à une baisse réelle de 4,3 millions de barils par jour de la production par rapport aux niveaux du premier trimestre de l'année.
L'estimation de la réduction réelle de l'offre est faite sur la base d'une adhésion totale des membres de l'Opep à l'accord ainsi que sur une adhésion de 50% des producteurs non-Opep. La banque enregistre, néanmoins, des pertes de demande de 19 millions de barils/jour en moyenne en avril et en mai.
Ali TITOUCHE
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/04/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali TITOUCHE
Source : www.liberte-algerie.com