Algérie

Les américains lorgnent sur les parts de marché de Sonatrach



Depuis l'année dernière notamment, on savait que les exportateurs américains de gaz avaient décidé de montrer les crocs pour empiéter sur d'importantes parts de marché de leurs concurrents. En fait, il n'y a pas que Sonatrach qui a su tirer son épingle du jeu sur le marché très concurrentiel du gaz, les Américains ont en effet exporté du gaz à des niveaux records, selon l'EIA, l'agence US d'information de l'énergie.Si notre compagnie nationale nourrit de belles ambitions cette année, eu égard aux chiffres de son activité à l'exportation durant les cinq premiers mois, il ne faudrait pas croire que les compagnies concurrentes, que ce soit pour le gaz ou le pétrole, se roulent les pouces. La remontée des prix attise bien des convoitises et le dernier exemple nous vient des Etats-Unis où, selon les derniers chiffres de l'EIA, les compagnies américaines ont frappé fort durant les six premiers mois de 2021. L'augmentation de la demande au comptant pendant les mois d'hiver et le premier mois de cet été en provenance d'Asie et d'Europe et les prix de référence du gaz américain, inférieurs aux prix internationaux, ont entraîné des exportations américaines records de gaz naturel liquéfié (GNL). Selon l'agence US d'information de l'énergie, les exportations américaines de GNL ont bondi à une moyenne de 9,6 milliards de pieds cubes par jour (soit 271 millions de mètres cubes par jour) entre janvier et juin 2021, en hausse de 42% comparé au premier semestre 2020, lorsque toutes les compagnies du monde avaient accusé des creux en raison de la faible demande et des prix bas pendant les blocages induits par la pandémie dans les principales régions importatrices de gaz naturel, l'Asie et l'Europe.
C'est vers la fin de l'année dernière et le début de celle-ci que les signes d'une forte demande en GNL commençaient à prendre forme, consécutivement à la levée progressive des restrictions dues au Covid-19 à travers le monde. Une période qui a vu, d'ailleurs, la Sonatrach reprendre du poil de la bête en réussissant « un bond appréciable », comme le soulignait le président de la compagnie Toufik Hakkar, dans ses exportations de gaz durant le premier trimestre de cette année. Une performance réussie grâce à « une hausse de la production et au renforcement de la demande des clients », en dépit du contexte particulier induit par la prolongation de la pandémie de Covid-19. Ainsi, durant les trois premiers mois de 2021, Sonatrach a donc consolidé sa position de 2e fournisseur de gaz de l'Italie avec une part de marché de 35% contre 16% durant la même période de 2020, alors que l'Espagne et le Portugal ont renforcé leur position de l'autre client attitré de Sonatrach avec un volume, au premier trimestre 2021 donc, de 4,3 milliards de m3 qui ont pris la destination de la péninsule Ibérique, ce qui représente une progression de 122% par rapport à l'ensemble de l'année dernière. En termes de parts, Sonatrach s'est accaparé 47% du marché hispano-portugais, alors que cette même part n'était que de 21% l'année dernière, pour se placer en 1er fournisseur de gaz sur ce marché stratégique qui attise les convoitises notamment des Américains qui, à un moment de l'année dernière, ont «noyé» la péninsule Ibérique avec leur pétrole de schiste, très concurrentiel sur le plan des prix.
L'évolution des cours, à partir de la fin de l'année dernière, sur les marchés mondiaux du gaz est principalement due à la vague de froid ayant touché l'Asie d'où une forte demande émanait jusqu'à pratiquement la fin du mois de mars. L'assouplissement des restrictions liées au Covid et le début de la saison de chauffage hivernal dans l'hémisphère nord et en Chine ont boosté les exportations américaines qui ont commencé à bondir en novembre et décembre 2020 pour poursuivre leur montée en flèche début 2021, avec une forte demande hivernale en raison d'un climat plus froid en Asie et en Europe et de pannes d'installations d'exportation de GNL en dehors des Etats-Unis, notamment en Australie, en Malaisie, au Nigeria, en Algérie, en Norvège et à Trinité-et-Tobago, écrivait mardi une rédactrice d'Oil Price pour étayer les chiffres de l'EIA. « La demande de GNL en Asie et en Europe est demeurée élevée même après la fin de la saison hivernale en raison de stocks de gaz naturel inférieurs à la normale. La baisse des prix à l'exportation du Henry Hub (le centre de distribution de gaz pour plusieurs gazoducs situé en Louisiane) et du GNL aux Etats-Unis par rapport aux prix au comptant internationaux en Asie et en Europe a également entraîné une augmentation des exportations de GNL américain cette année », explique la spécialiste du site Oil Price.
Si le sud de l'Europe et l'incursion de l'hiver dernier dans le marché asiatique ont permis à Sonatrach de réaliser de belles affaires lors de cette première moitié de 2021, pour les Etats-Unis, l'Asie est restée la principale destination des exportations de GNL de janvier à mai 2021, représentant 46% du total des exportations, a estimé l'EIA. L'Asie était suivie par l'Europe avec une part de 37% des exportations américaines de GNL. L'option de l'électrification au gaz vers laquelle s'est tourné le Brésil a également participé à faire bondir les exportations du GNL américain vers ce pays grâce à des prix défiant toute concurrence. Des prix qui risquent d'être impactés dans un sens comme dans l'autre avec la perspective de l'entrée en exploitation très prochaine du gazoduc russe Nord Stream 2.
Azedine Maktour


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