Algérie

Les ambitions de l'Algérie mises à mal



En septembre dernier, Abdelmoumen Ould Kaddour, PDG de Sonatrach, et le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, lançaient en grande pompe les travaux de réalisation de l'extension du gazoduc EGPDF au niveau du terminal départ d'El Aricha (Naâma) vers le terminal?arrivée à Beni Saf (Aïn Témouchent) en passant par Tlemcen.Une fois construit, affirmait-on, le projet permettrait de sécuriser et augmenter l'approvisionnement de la péninsule ibérique en gaz naturel algérien, et ce, en prévision de l'augmentation de la capacité du Medgaz de 4,5 milliards de mètres cubes par an, par le rajout du quatrième TC à la station de compression de Beni Saf. Son coût total est de 31,59 milliards de dinars, soit 233 millions d'euros.
Répondre à la demande croissante du continent européen en gaz naturel algérien est l'ambition de l'Algérie, qui comptait bien bénéficier des interconnexions européennes. Le coup en valait la chandelle. Seulement, du côté européen, les choses ne se passent pas comme elles le devraient. Selon des informations largement répercutées d'abord par l'agence Reuters il y a quelques jours et reprises dans la presse algérienne, ces interconnexions entre l'Espagne et la France pourraient ne pas aboutir.
Du moins pour le moment. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) française et son homologue espagnole CNMC ont rejeté la demande d'investissement présenté par Terega et Enagas au sujet du projet d'interconnexion gazière STEP. Dans un communiqué de presse diffusé le 22 janvier dernier, il est affirmé que la décision a été prise le 17 janvier 2019. Les autorités de régulation française et espagnole considèrent que «le projet STEP ne répond pas aux besoins du marché et ne présente pas une maturité suffisante pour faire l'objet d'une décision favorable des régulateurs et, a fortiori, pour faire l'objet d'une décision de répartition transfrontalière des coûts».
C'est le 23 juillet de l'année dernière, indique le même communiqué, que «Terega et Enagas avaient soumis aux autorités de régulation une demande d'investissement et de partage transfrontalier des coûts pour le projet STEP». Ce projet d'interconnexion gazière entre la France et l'Espagne vise, selon la même source, à «la création de capacités d'échange additionnelles entre ces deux pays à hauteur de 180 GWh/j de la France vers l'Espagne et 230 GWh/j de l'Espagne vers la France».
Les coûts s'élèvent, selon les deux gestionnaires de réseaux, à 442 millions d'euros, donc 290 millions d'euros sur le réseau de Terega. Les capacités créées seraient interruptibles. C'est en fait ce projet qui devrait, entre autres, permettre à l'Algérie d'augmenter ses capacités à l'export vers le vieux Continent. Maintenant qu'il est tombé à l'eau, les investissements consentis par le gouvernement le sont-ils aussi '
L'Algérie pourra-t-elle à l'avenir développer son volume d'approvisionnement de l'Europe ' Rien n'est sûr. D'abord le fait qu'elle n'est pas seule sur le marché européen où la Russie, la Norvège, le Qatar et les Etats-Unis avec le gaz de schiste, ainsi que d'autres producteurs de gaz, se disputent âprement les places ; ensuite les difficultés purement techniques qui relèvent des moyens mis en place.
En novembre dernier, le commissaire européen en charge de l'action pour le climat et l'énergie, Miguel Aias Canete, annonçait la couleur à l'issue de la 3e réunion annuelle de haut niveau sur l'énergie entre l'Algérie et l'UE, en estimant que les exportations de gaz de l'Algérie vers l'UE resteront tout de même constantes. «On aura une diminution du volume de gaz, mais nos importations vont rester plus ou moins constantes», soulignait le commissaire européen.
Tout porte à croire qu'il est difficile pour l'Algérie de placer des quantités supplémentaires de gaz sur le marché européen. L'inquiétude devient aussi grande, lorsqu'on entend le ministre algérien de l'Energie annoncer le risque que le pays ne soit plus exportateur de gaz en 2023. Même si l'on peut penser que ce serait une erreur d'inattention.


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