Algérie

Les Algérois s'adaptent progressivement



Pas de grands bouleversements dans les habitudes des Algérois. La capitale vivait, hier mercredi encore, à un rythme soutenu : circulation toujours aussi dense, commerces ouverts, transports en commun en service. Seule signe que le pays fait face à l'épidémie du coronavirus : les personnes portant gants et masques.Nawel Imès - Alger (Le Soir) - Alger au temps du coronavirus affichait clairement, ce mercredi, deux grandes tendances : celle des personnes conscientes du risque s'opposait clairement à celle de personnes beaucoup moins soucieuses.
Dans les rues d'Alger, le contraste est frappant. Si beaucoup de personnes portaient des masques mais également des gants, d'autres n'avaient strictement rien changé à leurs habitudes. Dans la banlieue ouest de la capitale, le temps maussade qu'il faisait hier n'a nullement dissuadé de nombreuses personnes de quitter leurs domiciles. Les marchés sont restés ouverts et fréquentés. Pour faire leurs courses tout en commentant la hausse des prix, ils étaient nombreux hier à porter des masques mais aussi des gants.
Les enfants, mis en vacances avant l'heure, ne sont pas tous restés chez eux. Beaucoup d'entre eux accompagnaient leurs parents. Etait-il nécessaire de leur faire courir des risques ' « Il faut bien manger », répond une maman visiblement irritée par la question. Ne pouvait-elle pas faire garder sa fille ' Non, dit-elle. Pour se donner bonne conscience, elle a pris le soin de porter et de faire porter à sa fille un masque.
Si les premiers jours, le port de ce moyen de protection donnait lieu à des réactions allant de la raillerie à la moquerie pure et simple, les masques sont, petit à petit, intégrés dans le quotidien. Tous ne sont néanmoins pas convaincus de leur utilité. Par pure inconscience ou parce qu'ils estiment que l'heure n'est pas encore grave, ils étaient encore nombreux hier à se promener dans le marché sans aucune protection.
Mieux encore, au niveau de la station de bus de la commune de Aïn Benian, le spectacle est saisissant. Les bus sont bondés. A l'intérieur, la promiscuité est telle que l'espace vital n'y est pas respecté, encore moins la distance d'un mètre recommandée.
Les receveurs, comme à leurs habitudes, battent le rappel des clients potentiels, postillonnent sur les passants, encaissent l'argent, donnent les tickets sans se soucier de la chaîne de transmission qu'ils sont susceptibles de créer. Tout juste descendue du bus, une dame, la cinquantaine, sort de son sac un gel hydroalcoolique. Elle ne cache pas son soulagement de n'être plus confinée dans un bus où il a fallu se disputer pour qu'une fenêtre soit ouverte. « Plus jamais le bus !» jure-t-elle en se précipitant de quitter la station bondée de monde. La veille, assure un chauffeur, beaucoup de bus avaient été désinfectés. Avec quels moyens ' Ceux du bord, dit-il, à savoir de l'eau javellisé. Loin de l'animation du marché et de la station de bus, le port d'El-Djamila, d'habitude pris d'assaut, était déserté. Point de balades, ni pour les petits ni pour les grands. Le parking du port, d'habitude ne désemplissant pas, était quasiment vide. Même en vacances forcées, les familles ont fini par renoncer aux sorties.
D'ailleurs, les pouvoirs publics ne leur ont pas laissé tellement de choix : les portes de la forêt de Bouchaoui sont restées fermées. C'est aussi le cas pour la grande majorité des espaces de villégiature. Même les quartiers où les enfants sortent habituellement jouer dehors se font soudainement plus calmes.
Les enfants sont majoritairement gardés à la maison. Finies les interminables parties de football. Egalement finies les interminables bouchons sur les axes principaux. L'autoroute reliant Zeralda à Ben Aknoun a retrouvé un peu de fluidité. Les déplacements des Algérois se font visiblement moins intenses. Beaucoup d'entreprises ont, en effet, pris la décision de limiter le déplacement de leurs employés lorsque cela est possible.
Les commerces, quant à eux, même s'ils restent ouverts, se plaignent du taux de fréquentation qui baisse. Seuls les magasins d'alimentation générale et les grandes surfaces sont pris d'assaut. Là encore, les habitudes changent petit à petit : beaucoup de commerçants imposent aux usagers de garder leurs distances, portent des gants pour rendre la monnaie, javellisent même les pièces de monnaie.
Certains pharmaciens reçoivent les usagers un par un pour éviter une forte concentration à l'intérieur de leur officine. S'il n'est pas pour l'heure question de grand chamboulement du quotidien des Algérois, leurs habitudes changent et s'adaptent à la situation qui évolue de jour en jour.
N. I.


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