Algérie

Les algériens veillent...


Après un tour de chauffe, place aux «sahrate». L'habituel «temps d'adaptation» a été plus long que d'habitude. La pluie et le froid ayant ajouté une couche, seuls les jeunes férus des rassemblements de quartiers s'aventurent dehors. Après les prières des«Tarawih», les rues de la capitale se vidaient presque complètement donnant l'impression d'être encore à «l'ère Corona». Mais le week-end dernier, ce qui devait arriver, arriva! Les soirées ramadhanesques ont fait leur grand retour! «Lema» en famille, sortie entre amis, soirée culturelle ou «saharate el doumine» (soirée de dominos dans les cafés des quartiers, ndlr) ont eu droit à toute la panoplie qui fait le charme de ce mois sacré. Celui de la «Rahma» (miséricorde), Maghfira (pardon), mais surtout de la culture par excellence. Lydia et Youba résument à eux seuls cette belle Algérie plurielle que l'on voit durant ce mois sacré. Habillée de sa plus belle robe de soirée, elle attendait patiemment que son mari revienne de la mosquée pour assister à un spectacle à l'opéra d'Alger. «Je lui donne encore cinq minutes pour qu'il enfile son costume, sinon je vais seule», plaisante-t-elle. «On vient d'emménager à Ouled Fayet, on habite à quelques encablures de l'opéra. On a vu qu'il y avait une dizaine de soirées programmées pendant le Ramadhan. Alors pourquoi s'en priver'», soutient celle qui «avoue» qu'avant leur mariage, ce couple était déjà «fan» des «khaymate» du Ramadhan. «Le programme à l'opéra a débuté, hier (jeudi, ndlr), avec je crois, Mustapha Bila Houdoud. Aujourd'hui, c'est Kamel Bouakaz, je ne suis pas une grande fan, mais je voulais tellement sortir pour respirer après ces deux ans de cauchemar», ajoute t-elle avec un large sourire.
Retrouver la joie des sorties...
Elle n'est pas la seule à être venue à l'opéra d'Alger pour le plaisir de sortir. Hanane et ses amis sont des jeunes étudiants habitant également la région. «Ayant appris qu'il y avait 50 pour cent de moins pour les étudiants, on ne s'est pas fait prier pour s'offrir un one man show à l'opéra d'Alger à 600 dinars», explique t-elle en assurant avoir coaché trois dates dans son calendrier. «Il y aura Hasna El Bacharia, mais bien évidemment Lounis Aït Menguellet que toute la famille espère avoir la chance de le voir se produire», soutient-elle avec un large sourire, non sans espérer que les tarifs soient revus à la baisse pour ce concert. «Il parait que ce sera 3000 dinars sans réduction étudiant, ni personne de plus de 65 ans. À ce prix, ça sera pour nous impossible», regrette-t-elle avec presque les larmes aux yeux. Néanmoins, si beaucoup de «fans» d' Aït Menguellet risquent de rester sur leur faim, ils pourront toutefois se retourner vers d'autres événements culturels, organisés un peu partout à travers le pays, particulièrement dans la capitale.
Pour tous les goûts et toutes les bourses
L'Office Riadh El Feth, le TNA, le Palais de la culture, les salles de spectacle à Béjaïa, Tizi-Ouzou, les Issers, Tipasa, Oran... vont accueillir des événements culturels qui répondent à tous les goûts et surtout à toutes les bourses.
Certains concerts, notamment de musique chaâbie seront donnés en plein air, gratuits. Il y aura aussi du jazz, du hawzi, du gnawi, Hwazi,de l'andalou, des pièces théâtrales et même des spectacles pour enfants. Toujours, à Riadh El Feth, les amateurs de cinéma peuvent assister à des films projetés avant et pendant la «sahra». Vendredi après la «Djamouaâ», Nabil a emmené ses deux neveux à la salle Cosmos pour voir le dernier Sonic. «J'avoue que je suis également fan», dit-il en se fendant de rire. «Ça fait plaisir aux petits, ça me permet de passer un bon moment avant le f'tour et j'en profite pour acheter les fameuses tartes de ce cinéma», poursuit-il avec le même sourire, celui de quelqu'un qui partage un moment privilégié avec des enfants auxquels il transmet sa passion du 7ème art. Avec le coup de starter des programmes «spécial Ramadhan», la culture semble retrouver une seconde vie après plus de deux ans de stand-by. Le Coronavirus semble être loin derrière nous. Certes, on ne revoit pas les «Khaymate» qu'arborent chaque année les grands hôtels et autres établissements de luxe, mais ce n'est pas la faute au «Corona». EIles semblent être passées de mode.
Les nouvelles tendances
Cette année, la tendance est aux soirées privées ou...presque. Celles qui se font par réservation avec Guest List» qui vous donne l'impression d'être une grande star de cinéma. C'est le cas de la «Skyline» à l'hôtel Oasis de Hussein-Dey où des soirées sont animées par des Dj au 13ème étage de ce restaurant. Ryma a essayé ce concept qui a été lancé, mardi dernier.
«Ça ressemble aux kheymate avec les mêmes formules exorbitantes de 1200 DA, mais c'est très sympa», estime- t-elle. «Il y a du beau monde, la clientèle est sélectionnée. On y écoute de la belle musique tout en profitant d'une vue imprenable sur la baie d'Alger», souligne- t-elle. Autre concept à la mode, celui des jeux de société. On ne parle pas là des fameuses soirées de dominos dans les quartiers, mais de cafés «chics» où garçons et filles s'y retrouvent pour jouer à Uno, le Loup Garou ou encore le Monopoly. «Mes amis et moi avons deux adresses fétiches pour ce type d'activité: le Crosroad à Riadh El Feth ou l'incontournable Pass Temp de Baba Hassen. Pour ce dernier, en ce mois de Ramadhan, ce sont des soirées à thème», affirme sans ambages Adlène un «Geek» qui ne quitte son ordinateur que quand ça en vaut vraiment le détour.
«Aujourd'hui (vendredi, ndlr) c'était le Loup Garou. On ne paye que 500 DA de consommations pour y participer et cerise sur le gâteau, on y mange bien», assure t-il heureux de voir ce type de soirées se vulgariser en Algérie.
Les «irréductibles»!
Néanmoins, on trouve toujours ceux qui sont fidèles aux lounges et cafés des hauteurs d'Alger, l'incontournable Sidi Yahia et leur nouveau «repère» qu'est le boulevard du 11-Décembre reliant Chéraga à Dély Brahim. Dans ces deux quartiers huppés de la capitale, il était presque quasi impossible de circuler en voiture. Jeunes et moins jeunes ont pris d'assaut ces endroits très «Cosy» qui n'ont rien à envier à ceux que l'on trouve dans les grandes capitales du monde. Même les prix sont les mêmes ou peut-être même plus chers. Quoiqu'il en soit, cela n'a nullement refroidi leurs «disciples». Jeunes et moins jeunes les prennent d'assaut presque chaque soir.
Le week-end, il y a foule! Certains y vont pour décompresser, on les reconnaît en les voyant faire le tour du quartier en faisant «ronronner» leurs
«bolides». Un délire qui peut parfois énerver, mais ça reste le sien, pour chacun comment aime -t-il passer ses soirées.
À l'image de Réda et deux de ses amis qui en aucune circonstance ne laisseraient tomber la terrasse de l'hôtel El-Djazaïr.
«Cela fait plus de vingt ans que nous avions nos habitudes.
On vient y siroter notre thé en grillant des cigarettes tout en refaisant le monde», rapporte t-il soulignant que l'an dernier il restait même jusqu'à après le couvre-feu en rasant les murs pour rentrer dans son domicile qui se trouve à moins de 30 minutes de marche. «On revient de loin», soupire-t-il.
Les plaisirs simples
Un même soupir que l'on ressent chez ces bambins qui crient de joie en retrouvant leur lieu de jeu favori qu'est la promenade des Sablettes d'Alger. Ce «poumon» des familles du centre du pays peut de nouveau les accueillir pour des soirées en plein air, faisant face à la mer, que l'on ne trouve presque nulle part ailleurs. Ce premier week-end du Ramadhan, juste après le f'tour, une foule immense s'y était rassemblées comme au bon vieux temps de l'avant- «Covid-19».
Le beau temps qui a fait son retour était une bénédiction pour ceux qui allaient défier Dame nature pour aller respirer après une dure semaine de jeûne. Karima, elle, a préféré retrouver un plaisir simple de la vie.
Avec une belle «lema en famille» pour fêter l'anniversaire de son père et de son fils. «Se retrouver tous en famille, c'est pour moi l'une des plus belles choses dans la vie que nous permet chaque année le Ramadhan», explique t-elle les larmes aux yeux. «On peut enfin retrouver ce sentiment dont nous a privés ce fichu virus», conclut-elle espérant que ce cauchemar est derrière nous. Que la vie reprenne de plus belle...
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