La fécondité dans les pays du Maghreb, après avoir baissé rapidement et
de façon quasi simultanée dans les années 80, évolue aujourd'hui de façon
contrastée. Selon une récente étude des universitaires et chercheurs Zahia Ouadah-Bedidi, Jacques
Vallin et Ibtihel Bouchoucha,
publiée dans le bulletin mensuel d'information de l'Institut national d'études
démographiques «Populations et sociétés », alors qu'on s'attendait à une
diminution en deçà de deux enfants par femme, comme dans beaucoup de pays
d'Asie et d'Amérique latine, dans aucun pays du Maghreb la fécondité n'est
tombée en dessous de ce seuil. L'étude révèle qu'en Tunisie, la fécondité a
cessé de baisser et semble rivée à 2 ,1 enfants par femme depuis 1999. En
Algérie, après avoir atteint 2,2 dans la première moitié des années 2000, elle
ne cesse d'augmenter depuis, atteignant presque 2,9 en 2010. Dans le même temps,
au Maroc et en Libye, où le seuil de remplacement n'était pas encore atteint, elle
a continué à baisser rapidement jusqu'à 2,2 et 2,5 respectivement.
Les auteurs de l'étude indiquent que, non seulement aucun de ces pays
n'est encore tombé sous le seuil de remplacement, mais l'Algérie opère depuis
dix ans une vive remontée. « Comme hier pour la baisse de la fécondité, l'évolution
de l'âge au mariage joue aujourd'hui le premier rôle dans sa stabilisation à 2
enfants par femme en Tunisie et dans la remontée à près de 3 en Algérie. Mais
il se peut aussi qu'en Algérie le modèle à deux enfants ne soit plus attractif
», lit-on dans cette étude. Outre l'âge du mariage, cette étude nous enseigne
sur l'influence de l'urbanisation et des progrès de l'instruction sur la
fécondité. Aussi, peut-on lire : « Comme hier la baisse, la récente remontée en
Algérie a donc aussi été initiée par les villes, les campagnes commençant à
peine à suivre, à tel point qu'en 2008 la fécondité était légèrement plus
élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. Cela va de pair avec le fait qu'en
Algérie, le rapport ville-campagne s'est aussi
inversé pour l'âge moyen au mariage (désormais plus élevé dans les campagnes
que dans les villes), tandis que le recours à la contraception est devenu
presque aussi massif en milieu rural qu'en milieu urbain ».
Les auteurs de l'étude soulignent en outre que l'évolution de la
fécondité en fonction du niveau d'instruction des mères est encore plus
frappante. En Algérie, comme dans les trois autres pays du Maghreb, c'est le
changement de comportement fécond des femmes les moins instruites qui a
entraîné la moyenne nationale vers la baisse… « La chute spectaculaire de la
fécondité des illettrées, aujourd'hui minoritaires, ne fait que parachever la
transformation d'une société où, finalement, la famille à deux enfants s'impose
comme un modèle universel adopté par toutes les couches de la population. A
l'opposé, la toute récente remontée de la fécondité algérienne apparaît
clairement avoir été surtout le fait des femmes les plus instruites qui, passées
de 1,4 enfant par femme en 2001 à 2,8 en 2007, ont été les premières à remettre
en cause ce modèle », poursuit l'étude.
Enfin, tout en soulignant que les événements politiques peuvent aussi
induire de nouveaux comportements, les trois universitaires indiquent que la
fin du terrorisme en Algérie, hier, a pu créer le besoin de réaffirmer
l'importance du lien familial avec la formation de couples et la venue
d'enfants précoces. Demain, les libertés nouvelles nées du Printemps arabe, mais
aussi le renouveau de certains mouvements islamistes induiront
peut-être à leur tour de nouvelles inflexions.
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Posté Le : 01/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaïfa
Source : www.lequotidien-oran.com