Les Algériens ont choisi la "stabilité" (journalistes étrangers)

Les résultats des élections législatives du 10 mai, qui se sont soldées par une nette avance du Front de libération nationale (FLN), avec 220 sièges obtenus sur les 462 en jeu, ont été perçus par les journalistes étrangers présents à Alger vendredi comme l'expression d'un désir de "stabilité" chez les Algériens.
Venus en grand nombre pour couvrir cet événement politique, les journalistes étrangers n'ont pas manqué de commenter à tout va les résultats de ce scrutin qu'ils considèrent "exceptionnel".
Pour Fouad Diab, journaliste à l'agence palestinienne Tact News, surpris par ces résultats "inattendus", l'issue du scrutin traduit le souci des Algériens de continuer à vivre dans la "stabilité et la sérénité", surtout après l'expérience des "révoltes arabes", qui a vu, selon lui, des pays comme l'Egypte "plonger dans l'instabilité".
De plus, "les Algériens semblent signifier qu'ils ne veulent pas de la victoire des partis d'obédience islamiste, vu l'expérience malheureuse qu'ils ont vécue dans le passé. L'échec des partis de cette mouvance d'assurer la stabilité après leur victoire, notamment en Egypte, a peut-être dissuadé les Algériens de trop changer la composante de leur parlement", a-t-il encore analysé.
M. Diab pense également que les Algériens ont écarté par leur vote "toute tentative d'ingérence étrangère" dans leurs affaires intérieures comme cela se passe dans certains pays arabes actuellement.
De son côté, Kamel Benyounès, rédacteur en chef du journal tunisien El Sabah, voit dans le vote de jeudi un message des Algériens rejetant tout "changement radical" qui les plongerait dans l'instabilité et l'insécurité.
"Les électeurs algériens ont délivré un message de stabilité, vu le contexte régional inquiétant. Le FLN, grand vainqueur, est de plus un conglomérat auquel pourrait s'identifier différentes tendances politiques et idéologiques de la société", a estimé ce journaliste en bon connaisseur du contexte algérien.
Le FLN, a-t-il pronostiqué, serait bien placé pour "bien préparer et peut-être remporter les présidentielles de 2014, quel que soit son candidat".
Pour le PDG de Nessma TV, Nabil Karoui, les résultats des législatives traduisent un recours à une "valeur refuge", un "gage de stabilité" pour l'Algérie.
"La vague islamiste n'est pas inéluctable. Les gens ont eu peur de basculer dans le passé, notamment après ce qui s'est passé en Tunisie, en Libye et en Egypte, et l'Algérie a beaucoup souffert de son expérience des années 1990. Les Algériens ont sans doute voulu continuer à vivre dans la paix et la stabilité", a estimé M. Karoui.
Autre son de cloche pour Elena Tonzalez, journaliste à la radio espagnole Onda Cero. Pour elle, ce "vote du statu quo" ne pourrait pas apporter le changement souhaité par les plus jeunes.
"Les jeunes que j'ai rencontrés ont été déçus par les politiques gouvernementales passées. Ils ne croient pas au changement. Pour eux, le changement véritable n'est pas pour maintenant", a-t-elle jugé.