Algérie

Les Algériens n'ont plus de point de rencontre à cause de... Ben Laden



Les Algériens n'ont plus de point de rencontre à cause de... Ben Laden
Après les attentats du 11 septembre, les Algériens étaient mal vus.
Non seulement il n'y a pas beaucoup d'Algériens en Pologne, comparativement à leur nombre dans d'autres pays, mais il n'y a pas un endroit attitré où on peut les rencontrer. Toutes les communautés ont chacune un repère (un repaire, doit-on plutôt dire) à Varsovie où ils se donnent rendez-vous pour évoquer le pays, s'échanger les informations ou tout simplement discuter avec l'accent du pays. Toutes, sauf celle des Algériens. Ce n'est par manque de bonne volonté, mais c'est plutôt la faute à... Ben Laden.
Le café-restaurant Habibi les réunissait à Varsovie
Lors de l'arrivée des premiers émigrés algériens en Pologne dans les années 90, qui pour tenter sa chance dans ce pays qui s'ouvrait à l'économie de marché et au capitalisme, qui par défaut, juste pour être en Europe, il existait un lieu où, par la force de l'habitude, était devenu leur point de rencontre dans la capitale polonaise : Habibi. Ce café-restaurant, tenu par un Libanais, était situé dans une rue perpendiculaire à la principale artère de la ville, Marszalkowska. Durant des années, les Algériens l'ont fréquenté afin d'y retrouver des airs du pays, puisque le patron avait l'amabilité de diffuser des tubes des stars algériennes de la musique raï et orientale. Les week-ends, on se croirait même à Bab El Oued. Quels que soient leur bord politique, les Algériens s'y retrouvaient avec un grand plaisir, même ceux qui résidaient en Cracovie, notamment à Wisla.
Après les attentats du 11 septembre, les Algériens étaient mal vus
Mais voilà qu'un événement allait bouleverser ces habitudes : les attentats du 11 septembre 2001 contre les Twin Towers de Manhattan, revendiqués par Al Qaida de Oussama Ben Laden. Dans la foulée du sentiment islamophobe qui s'était propagé en Occident, les musulmans étaient devenus mal vus partout, y compris en Pologne. Ce pays, qui aspirait à entrer dans l'Union européenne et dans l'espace Schengen de libre circulation des personnes et qui, pour ce faire, devait donner des gages aux pays de l'Europe de l'Ouest, ont peu à peu durci les conditions de séjour des Maghrébins. A cause des malheureux événements qui avaient secoué l'Algérie durant une décennie, les Algériens étaient les plus surveillés.
Les autorités ferment Habibi pour «raisons de sécurité»
L'inattendu allait survenir en 2004, année de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne : les autorités décident tout bonnement de fermer le café-restaurant Habibi «pour raisons de sécurité», ont-ils expliqué. Le motif invoqué est que ce lieu était utilisé par certains Algériens pour des réunions à caractère subversif et qu'il y avait risque que des attentats soient planifiés dans ce lieu. Le patron libanais a eu beau protester, rien n'y fait : il a été définitivement fermé. Depuis, les Algériens n'ont jamais pu trouver un lieu de rencontre attitré. «Tout ça à cause de Ben Laden», maugréent-ils. Certes, il y a des cafés tenus par des Egyptiens, des Palestiniens où des Indiens, comme Sheesha et Bollywood, ils se rendent parfois, surtout les week-ends, mais ils ne s'y sentent pas complètement comme chez eux.
La solution : qu'un Algérien ouvre un café-restaurant
Aujourd'hui, le défunt café-restaurant Habibi a été racheté par un Italien. Il a tout changé : la devanture, le décor, le mobilier... Même la clientèle n'est pas la même. Aujourd'hui, les Algériens se croisent au hasard de leurs pérégrinations en ville. Leur souhait est que l'un d'entre eux ouvre un jour un café-restaurant pour en faire leur point de rencontre. C'est déjà étrange qu'il n'y ait point de «coin à bouffe» tenu par un Algérien dans une si grande ville. Une preuve que les Algériens ne sont vraiment pas nombreux à Varsovie.




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